cabine téléphonique
Crédits : Rüdiger Wölk / Wikimedia Commons

Bientôt le retour des cabines téléphoniques en France ?

Dans le cadre de la semaine européenne du numérique responsable, une cabine téléphonique a fait son apparition devant un centre culturel à Strasbourg. L’objectif ? Contredire le modèle actuel des télécoms qui incitent à la surconsommation et questionner notre rapport au numérique.

La cabine téléphonique : déclin et résurrection

La première cabine téléphonique française est apparue lors de la première Exposition internationale d’Électricité à Paris en 1881. L’installation a ensuite connu une progression assez lente à partir des années 1940 à l’intérieur des bureaux de poste avant leur déploiement dans les rues. Le pic est atteint en 1998 avec 241 000 cabines en service sur le territoire. En 2017, les « publiphones » deviennent des « uniphones », c’est-à-dire des téléphones publics à services restreints. Entre 2017 et 2023, la quantité de ces uniphones passe de 6 800 à seulement 4, maintenus dans les zones blanches en attente de couverture mobile.

À l’heure où les smartphones sont au sommet et malgré le retour des « dumbphones« , difficile de croire à un retour des cabines téléphoniques. Et pourtant, les sociétés TeleCoop et Commown tentent de les ressusciter avec pour objectif de remettre en question le modèle actuel de l’industrie mobile, synonyme de surconsommation. Une cabine prototype a donc été installée devant le Shadok, un centre culturel se trouvant à Strasbourg.

« Nous avons pour ambition de réutiliser les cartes mères encore fonctionnelles de téléphones portables utilisés par Commown. L’accès à la cabine sera gratuit de même que les communications. À terme, ces cabines pourraient être dotées d’une tablette et d’une connexion Internet », expliquait TeleCoop dans un communiqué publié le 24 avril 2024.

cabine téléphonique Telecoop
Crédits : Commown sur Facebook

Pourquoi un tel projet ?

TeleCoop et Commown sont persuadés qu’il s’agit du téléphone du futur. Il incarnera un lieu commun où les personnes pourront se servir du numérique à tous les moments de la journée, mais également selon leurs moyens ce qui permettra de lutter contre la précarité numérique. Néanmoins, l’une des principales raisons de l’existence du projet est le questionnement de notre rapport au numérique. Les responsables évoquent en effet une dépendance aux écrans de plus en plus présente.

« On prend en moyenne notre téléphone 220 fois par jour, il nous empêche de reprendre la main sur notre temps », a ainsi déclaré Marion Graeffly co-fondatrice de TeleCoop, dans une interview accordée à France 3 Régions le 18 juin 2024.

Enfin, il faut savoir que TeleCoop et Commown désirent installer d’autres cabines dès 2025. Toutefois, ces dernières ne concerneront pas forcément les zones rurales et les populations vieillissantes. Effectivement, les responsables veulent placer leurs cabines à proximité des collèges et des lycées. Ces établissements abritent en effet les populations les plus vulnérables aux effets néfastes des smartphones.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.