Voici une énième preuve que les animaux ont une forte capacité à s’adapter à un nouvel environnement. En Pologne, une colonie de fourmis a en effet survécu durant plusieurs années dans un bunker de l’époque soviétique. Les insectes sont tout simplement devenus cannibales pour survivre.
Des fourmis cannibales
Le cannibalisme est une pratique consistant à se nourrir complètement ou partiellement d’un individu de sa propre espèce. Largement documentée chez l’humain, cette pratique l’est également chez les animaux. En 2017, une étude décrivait par exemple un rare cas d’infanticide suivi de cannibalisme observé chez le chimpanzé. La même année, d’autres recherches se concentraient sur le cannibalisme familial que pratique une espèce d’araignées en Afrique du Sud. En 2019, une autre étude publiée dans le Journal of Hymenoptera research traitait quant à elle l’étonnant cas d’une colonie de fourmis enfermée pendant des années dans un bunker soviétique en Pologne.
Sans nourriture, sans végétation et sans lumière, les fourmis sont alors devenues cannibales, comme l’explique l’équipe de recherche de l’Université de Poznań (Pologne). Découverte de manière fortuite en 2013, la colonie appartient à l’espèce Formicas Polyctenas, très répandue en Asie et en Europe. Habituellement omnivores, ces fourmis se nourrissent principalement de nectar, de miellat et de petits insectes.

Une pratique nécessaire pour la survie
Le fait d’être enfermés dans un bunker signifie se trouver à plusieurs mètres de profondeur. Hermétique à l’extérieur, le lieu affiche une température de seulement 10°C. Évidemment, celui-ci ne contient aucune ressource, tout en étant est plongé dans l’obscurité la plus complète. Par ailleurs, les scientifiques ont immédiatement remarqué en l’absence de reine. En effet, la colonie contenait seulement des ouvrières.
Grâce à leurs observations durant trois années, les chercheurs ont découvert qu’une autre colonie avait fait son apparition juste au-dessus du bunker. Or, des fourmis de cette seconde colonie tombaient régulièrement dans une colonne de ventilation. N’ayant aucun moyen de remonter à la surface, ces insectes devinrent la nourriture privilégiée des fourmis du bunker. Bien que le cannibalisme ne fait pas partie de leurs habitudes alimentaires, les fourmis se sont ainsi adaptées. De plus, il faut savoir que la colonie souterraine était composée d’environ un million d’individus et que tous ont survécu grâce à cet « approvisionnement » extérieur.
Très étonnés par ce cannibalisme, les scientifiques ont étudié les cadavres des fourmis. Or, 93 % des corps comportaient de nombreuses traces de morsure et autres trous, prouvant leur consommation. Devenues cannibales pour survivre, les fourmis du bunker ont depuis retrouvé la surface à l’aide d’une poutre installée par les chercheurs. Les insectes ont ainsi pu retrouver une alimentation classique pour leur espèce et ne sont définitivement plus cannibales.