fossile araignées
Crédits : Université de Lausane

Pourquoi ces fossiles sont-ils si particuliers ?

L’origine des chélicérates, un groupe qui inclut les araignées, les scorpions et les limules, a longtemps été un sujet de débat parmi les paléontologues. Des fossiles récemment fouillés dans les schistes de Fezouata, au Maroc, éclairent cette question.

Une découverte révélatrice

Dans les années 2000, Mohamed « Ou Said » Ben Moula, un passionné de fossiles, a fait une découverte marquante dans les schistes de Fezouata, au Maroc, une région renommée pour ses fossiles particulièrement bien conservés. Récemment, des chercheurs de l’Université de Lausanne (UNIL) ont analysé une centaine de ces fossiles et ont mis en lumière un spécimen remarquable : Setapedites plentyis, considéré comme le plus ancien ancêtre des chélicérates à ce jour.

Pour rappel, les chélicérates sont un groupe d’arthropodes qui comprend des animaux tels que les araignées, les scorpions, les acariens et les limules. Ils se caractérisent par la présence de chélicères qui sont des appendices spécialisés et souvent utilisés pour saisir ou perforer leur proie. Les chélicérates se distinguent également des autres arthropodes, comme les insectes, par leur anatomie et leur mode de vie.

Ce petit organisme en particulier, qui mesure entre 5 et 10 millimètres, évoluait dans un océan peu profond, près du pôle Sud, il y a environ 478 millions d’années.

S. plentyis et l’évolution des chélicérates

L’importance de l’étude de S. plentyis réside dans le fait qu’elle vient combler un vide majeur dans notre compréhension de ces organismes.

Les chercheurs ont utilisé des scanners à rayons X pour reconstituer en 3D l’anatomie des fossiles étudiés. En comparant S. plentyis à divers arthropodes anciens et modernes, des similitudes frappantes ont été mises en évidence, en particulier dans la structure de ses appendices céphaliques et dans l’organisation de son corps en sections fonctionnelles, un trait connu sous le nom de tagmose corporelle.

Les auteurs soulignent que les caractéristiques anatomiques de S. plentyis enrichissent notre compréhension des évolutions majeures au sein des chélicérates. En particulier, ce spécimen  illustre une transition cruciale en passant des appendices biramés (à deux branches) aux appendices uniramés (à une seule branche), une adaptation qui a des implications importantes pour la fonction et l’évolution des membres chez ces arthropodes.

De plus, l’organisation corporelle de S. plentyis, plus complexe que celle des ancêtres primitifs, pourrait établir des liens avec d’autres fossiles de chélicérates dont les relations phylogénétiques restent floues.

Setapedites plentyis fossiles
Reconstitution de la vie de Setapedites plentyis. Crédits : Elissa Sorojsrisom.

En fin de compte, Setapedites plentyis ne se contente pas d’éclairer l’évolution des chélicérates; il offre également un aperçu précieux sur les premières branches de l’arbre des arthropodes. La recherche continue sur cette espèce et d’autres fossiles similaires pourraient enrichir notre compréhension des origines et de l’évolution des arthropodes dans leur ensemble en reliant des lignées qui ont longtemps été considérées comme distinctes.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.