Des fossiles remarquables témoignent d’attaques de requins il y a des millions d’années

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Crédits : Tim Scheirer/Clarence Schumaker

De récents travaux détaillent les découvertes d’anciennes vertèbres de requins aujourd’hui éteints couvertes de marques de morsure infligées par d’autres requins. Ces trouvailles sont exceptionnelles, car ces squelettes faits de cartilage ont tendance à ne pas se fossiliser.

Requins contre requins

Les preuves directes des interactions trophiques d’anciens requins dans les archives fossiles se limitent en grande partie aux traces de morsure sur les proies. Ces dernières sont généralement observées sur des éléments squelettiques durables de poissons fossiles, de mammifères marins, de reptiles marins et même d’un ptérosaure, offrant des preuves directes de prédation active, d’échec de prédation et/ou de comportements charognards.

Les chercheurs étudient également depuis longtemps la prédation « requin contre requin » chez les requins vivants lamniformes. Toutefois, nous savons que ces comportements sont très anciens. La plus ancienne preuve de prédation remonte en effet à la période dévonienne (il y a 419,2 millions à 358,9 millions d’années). À l’époque, un requin Cladoselache avait dévoré un autre requin, dont les restes ont été retrouvés fossilisés dans son contenu intestinal.

Les preuves d’attaques anciennes de requin contre requin restent néanmoins très rares, en raison du faible potentiel de conservation du cartilage, d’où l’intérêt de cette étude publiée dans la revue Acta Palaeontologica Polonica. Une équipe y décrit les découvertes de plusieurs vertèbres appartenant à d’anciennes espèces proposant des traces de morsures d’autres requins.

Au moins une attaque active

Trois de ces fossiles ont été trouvés à Calvert Cliffs, dans le Maryland, entre 2002 et 2016, tandis qu’une autre vertèbre a été découverte dans une mine de phosphate en Caroline du Nord dans les années 1980. Tous datent de la période néogène (il y a 23,03 millions à 2,58 millions d’années). À cette époque, le mégalodon régnait encore dans les océans. Toutefois, il n’est ici impliqué dans aucune de ces attaques.

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Différentes vues d’une vertèbre d’un ancien requin trouvée dans le Maryland. Remarquez les deux dents de requin incrustées dans le fossile. Les barres d’échelle sont égales à un centimètre. Crédits : Perez, VJ et coll. Acta paléontologique

Sur ces quatre fossiles, au moins un semble témoigner d’une attaque active, et non d’un événement de récupération. Cette vertèbre, qui avait encore deux dents de près de quatre centimètres coincées à l’intérieur, montre des signes de guérison, indiquant que le requin victime de l’attaque a survécu à la rencontre.

Une analyse osseuse a également révélé que ces quatre victimes étaient des requins-chondrichtyens. Il s’agit d’une classe de 282 espèces vivantes aujourd’hui, dont des requins-bouledogues, des requins-tigres et des requins marteaux. En revanche, on ne peut identifier les espèces concernées. Quant aux assaillants, celui ayant planté ses deux dents dans la vertèbre présentée ci-dessus appartenait aux genres Carcharhinus ou Negaprion.