Une équipe de chercheurs de l’Université de Leiden a fait une découverte remarquable dans l’Amazonie brésilienne : une nouvelle espèce de tortue d’eau douce géante nommée Peltocephalus maturin. Son étude fournit des informations précieuses sur la faune ancienne de la région et son interaction avec les premiers habitants humains.
L’une des plus grandes tortues d’eau douce jamais découvertes
Peltocephalus maturin aurait vécu à la fin du Pléistocène, il y a entre 40 000 et 9 000 ans. Les spécimens de cette espèce ont été découverts dans la formation Rio Madeira par des chercheurs d’or sur le site de la carrière de Taquaras, à Porto Velho. Cette tortue géante aurait atteint environ 1,8 m de longueur de carapace, ce qui en fait l’une des plus grandes tortues d’eau douce jamais découvertes.
Les analyses morphologiques et phylogénétiques du fossile ont révélé des similitudes avec les espèces de tortues d’eau douce vivant actuellement en Amazonie. En se basant sur les caractéristiques de son crâne et de sa mâchoire, les chercheurs ont également suggéré un régime alimentaire omnivore pour cette espèce ancienne.
Ce qui rend cette découverte encore plus fascinante, c’est qu’elle représente la dernière occurrence connue de tortues géantes d’eau douce.
Quelles interactions avec les humains ?
La coexistence avec les premiers habitants humains de la région amazonienne soulève également des questions sur l’interaction entre ces deux groupes. Dans le détail, la surexploitation des grands mammifères est reconnue comme un facteur clé des extinctions de la mégafaune du Pléistocène dans les Amériques et en Australie. Toutefois, si ce phénomène a principalement affecté les mégamammifères, son impact sur les grands reptiles du Quaternaire a déjà été discuté. En raison de la rareté des formes géantes dans les archives du Quaternaire, les tortues d’eau douce ont cependant été largement négligées dans ces discussions. La découverte de cette grande espèce rouvre donc le débat.
Les premiers humains se sont en effet installés dans la région il y a environ 12 600 ans et ces grandes tortues ont probablement été une source de nourriture pour eux depuis le Paléolithique. Cependant, savoir si les tortues d’eau douce ont été activement chassées par les premiers humains reste incertain.
La découverte de cette tortue souligne l’importance de collecter davantage de données à partir de gisements du Pléistocène supérieur et du début de l’Holocène du bassin amazonien. Une compréhension plus approfondie de l’interaction entre la Peltocephalus maturin, les premiers habitants humains et l’environnement de l’Amazonie à cette époque pourrait fournir des informations cruciales sur l’histoire naturelle de la région.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Biology Letters.