Une équipe de paléontologues annonce avoir découvert une nouvelle espèce de blatte fossile du Jurassique identifiée à partir d’une aile trouvée dans le Gloucestershire, au Royaume-Uni. Ce spécimen unique pourrait nous offrir des informations précieuses sur les stratégies de survie adoptées par les insectes anciens dans des environnements extrêmes.
Un succès évolutif
Les blattes sont des exemples vivants d’adaptabilité et de résilience : apparues il y a environ 320 millions d’années, à l’époque du Carbonifère, elles ont survécu à de nombreux bouleversements climatiques et à plusieurs extinctions massives qui ont par exemple décimé les dinosaures. Un des défis majeurs auquel elles ont fait face est la grande extinction de la fin du Permien qui a éliminé près de 90 % des espèces marines et terrestres. Malgré cela, les blattes ont su non seulement survivre, mais aussi reconquérir le sol des écosystèmes triasiques, puis jurassiques.
Leur succès évolutif tient en grande partie à leur incroyable capacité d’adaptation. Les blattes ont en effet développé des caractéristiques physiologiques et comportementales qui les rendent capables de prospérer dans une grande variété de milieux, des forêts tropicales aux grottes humides, jusqu’aux habitats plus arides. Elles se nourrissent de matières végétales en décomposition, mais peuvent aussi s’adapter à d’autres sources de nourriture en période de pénurie. Cette souplesse alimentaire, associée à une grande tolérance aux changements de température et à un cycle de vie rapide, fait des blattes des championnes de la survie à travers les âges.
Alderblattina simmsi : une blatte pas comme les autres
Alderblattina simmsi, le fossile récemment découvert, est remarquable à plusieurs égards. En analysant une aile fossilisée trouvée en 1984 par le géologue Mike J. Simms, les chercheurs ont en effet identifié une forme de coloration unique qui inclut deux motifs ronds bien distincts à l’extrémité de l’aile.
Ces motifs de couleur pourraient avoir servi plusieurs fonctions. Tout d’abord, ils pourraient avoir agi comme un mécanisme de défense contre les prédateurs. En affichant des couleurs vives et des motifs distincts, cette blatte pouvait signaler qu’elle était toxique ou peu appétissante, ce qui augmentait ainsi ses chances de survie. Parallèlement, ces motifs pourraient également jouer un rôle dans l’attraction des partenaires. La couleur et le motif peuvent être des indicateurs de santé ou de vitalité qui influencent les choix de reproduction.
La rareté des fossiles d’insectes affichant des motifs de couleur rend cette découverte particulièrement précieuse. Les paléontologues suggèrent que ces adaptations pourraient avoir évolué en réponse à des environnements complexes. Par exemple, l’événement anoxique océanique du Toarcien, marqué par une faible teneur en oxygène dans les océans, a eu un impact sur les écosystèmes terrestres et la disponibilité des ressources. Dans ce contexte difficile, les insectes comme Alderblattina simmsi auraient développé des mécanismes de survie et des stratégies de communication adaptées.
Ainsi, Alderblattina simmsi ne représente pas seulement une nouvelle espèce à ajouter à notre catalogue de la biodiversité ancienne ; elle illustre aussi l’ingéniosité et la capacité d’adaptation des blattes face aux défis environnementaux.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Papers in Palaeontology.