Laisser les forêts tropicales en paix pourrait leur permettre de se régénérer rapidement

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Selon une étude internationale récente, les forêts tropicales pourraient se régénérer partiellement en une vingtaine d’années seulement. Il faudrait tout simplement les laisser tranquilles. Cette attitude serait même plus efficace que le fait de replanter des arbres.

Une régénération autonome des forêts

En 2020, nous évoquions le fait que planter des arbres pour protéger l’environnement pouvait parfois être une stratégie contre-productive. Il faut dire que cette pratique est loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. Et s’il fallait simplement laisser les forêts tranquilles ? Cette vision est celle défendue dans une étude internationale publiée dans la revue Science le 9 décembre 2021.

Selon les scientifiques et écologistes à l’origine de ces travaux, la repousse partielle d’une forêt tropicale pourrait prendre seulement deux décennies. Les chercheurs estiment que ces forêts peuvent se régénérer de façon autonome avec une rapidité étonnante, et donc sans aucune intervention humaine grâce à un mécanisme multidimensionnel lié la flore et la faune des forêts anciennes. Or, ce mécanisme aiderait une nouvelle génération de forêts à se développer. On parle alors de « succession secondaire ».

Pour les auteurs de l’étude, les performances d’une repousse naturelle sont bien meilleures qu’en cas de plantation d’arbres. Selon Lourens Poorter, professeur d’écologie fonctionnelle à l’université de Wageningen aux Pays-Bas et auteur de l’étude : « les performances sont bien meilleures en termes de biodiversité, d’atténuation du changement climatique et de récupération des nutriments ».

forêt tropicale
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Des résultats sources d’espoir

Dans le cadre de ces recherches, les auteurs ont analysé le déroulement de la repousse des forêts tropicales sur 77 sites et 2 275 parcelles de terre sur trois continents. L’évaluation portait également sur une douzaine de critères tels que la biodiversité, la structure de l’écosystème ou encore le fonctionnement des plantes. À partir de ces données, les chercheurs ont réalisé un modèle à l’aide d’une technique connue sous le nom de chronoséquençage.

Ainsi, le modèle a permis d’observer ce que devenaient par exemple les terres forestières tropicales servant à l’agriculture avant un abandon sur plusieurs années. Les scientifiques ont également découvert que la partie ancienne de la forêt était capable de générer un écosystème permettant à une nouvelle de se développer. En revanche, tous les aspects d’une forêt ne prennent pas le même temps pour retrouver leurs anciens niveaux. Alors que le sol prend environ une décennie à se régénérer, la biodiversité a besoin de soixante ans et la biomasse globale de cent vingt ans.

Ces résultats sont source d’espoir, car il est question d’une régénération des forêts tropicales à hauteur de 78 % en seulement vingt ans. Néanmoins, ces mêmes résultats doivent être considérés avec prudence puisqu’il est question de projections sur la base de modèles. Sans le chronoséquençage, les auteurs de l’étude auraient en effet été dans l’obligation d’attendre plus d’un siècle avant de pouvoir terminer leurs travaux.