Sonosylva : tel est le nom donné au projet porté par le Muséum National d’Histoire Naturelle et l’Office Français de la Biodiversité, consistant à équiper de micros les écosystèmes forestiers protégés.
Une centaine de forêts françaises se font équiper de micros pour évaluer l’état de la biodiversité
Depuis le printemps dernier, une centaine de forêts françaises protégées ont été mises sur écoute. L’objectif de cette audio-surveillance est d’évaluer l’état de la biodiversité des écosystèmes forestiers, notamment en termes de pollution sonore. En plus de décrire la composition acoustique des forêts, le projet Sonosylva permet d’évaluer la phénologie de ces paysages, tout en estimant le niveau de bruit émis par les machines humaines.
Pour mener à bien ce projet, les chercheurs rattachés au Musée d’Histoire Naturelle et à l’Office de la Biodiversité ont installé des boîtiers camouflés permettant de capter l’ensemble des sons du milieu naturel. Autant de magnétophones discrets permettant également de limiter les observations humaines sur le terrain, susceptibles de perturber la faune locale.
Ce plan de suivi de la biodiversité terrestre devrait s’étaler sur trois années, du printemps à l’automne, via des enregistrements se déclenchant tous les quarts d’heure pendant une minute, un jour sur deux.
Jérôme Sueur, enseignant-chercheur au Muséum d’Histoire Naturelle, souligne que le statut de protection des écosystèmes forestiers ne signifie pas pour autant que les forêts sont épargnées :
Une forêt bien protégée n’est pas à l’abri de se faire polluer par le passage d’un avion ou la présence d’une route, affectant ainsi l’ensemble de la faune et la flore.
En une seule saison, les scientifiques récolteront près d’un million de fichiers audio, soit plus de 18 000 heures d’enregistrement.

La pollution sonore, un véritable fléau pour la faune et la flore
La pollution sonore est un problème environnemental majeur, qui affecte non seulement les humains, mais aussi la faune et la flore.
De nombreux animaux, et notamment les oiseaux, les mammifères marins et les insectes, dépendent de signaux sonores pour communiquer, se reproduire, trouver de la nourriture ou échapper à leurs prédateurs. Le bruit excessif a généralement pour effet de masquer ces signaux vitaux, mettant en danger la grande majorité des espèces concernées.
De plus, l’exposition à des niveaux élevés de bruit peut induire un stress chronique chez les animaux, achevant d’affecter leur système immunitaire et augmentant leur vulnérabilité aux maladies. Chez les oiseaux, la pollution sonore peut réduire leur capacité à combattre les infections ou à gérer le stress thermique.
Le bruit peut aussi amener certaines espèces animales à abandonner leurs habitats naturels, entraînant alors une diminution de la biodiversité dans les zones bruyantes et une surpopulation dans les zones plus silencieuses.
Les plantes peuvent elles aussi être affectées par la pollution sonore
Bien qu’elles ne disposent pas de la même capacité auditive que les animaux, les plantes perçoivent les vibrations causées par le bruit, et peuvent pâtir, à leur exposition, d’une baisse de croissance ou d’une désorientation. Les espèces végétales sont également indirectement affectées par la pollution sonore : le bruit perturbe en effet les pollinisateurs, déréglant alors la reproduction de nombreuses espèces végétales.

