Les incendies qui ont touché les forêts boréales en 2021 ont libéré une quantité record de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Cette année noire s’inscrit dans un contexte d’aggravation des incendies boréaux, comme l’a démontré une équipe internationale de chercheurs. Les résultats ont été publiés dans la revue Science ce 2 mars.
Bien qu’elles ne couvrent qu’un dixième des surfaces terrestres, les forêts boréales stockent environ un tiers du carbone continental, la plus grande partie étant contenue dans les sols. En effet, la décomposition de la matière végétale (feuilles, troncs, etc.) est particulièrement lente dans ces régions froides. Si, jusqu’à présent, ce réservoir était plutôt stable, le réchauffement accéléré des hautes latitudes menace de déstocker une quantité croissante de carbone vers l’atmosphère sous forme de CO2 ou de méthane (CH4), deux puissants gaz à effet de serre.
À cet égard, des chercheurs ont montré que la saison des incendies boréaux s’allonge et que les brasiers gagnent en fréquence et en intensité, ce qui participe à la remise en circulation du carbone contenu dans les sols. Or, si la repousse ultérieure des forêts compense en partie ces émissions, une partie (environ 20 %) est libérée de façon irréversible et s’accumule dans l’atmosphère.
Les forêts boréales subissent une saison des incendies de plus en plus sévère
En identifiant les sources de monoxyde de carbone (CO) sur la base de données satellitaires, les scientifiques ont pu déduire les émissions associées de dioxyde de carbone et leur évolution depuis l’an 2000 (les émissions de CO et de CO2 sont très corrélées). Nonobstant une nette tendance à la hausse, il s’est avéré qu’en 2021, les forêts boréales avaient enregistré leurs émissions de carbone les plus élevées avec 1,76 milliard de tonnes, ce qui représente plus du double de la quantité observée lors d’une année moyenne. La cause de cette année noire tient à des conditions particulièrement chaudes et sèches en Amérique du Nord ainsi qu’en Sibérie et en Europe du Nord.
« Les incendies boréaux, qui représentent généralement 10 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, ont contribué à hauteur de 23 % en 2021, de loin la fraction la plus élevée depuis 2000 », rapporte l’étude dans son résumé. Aussi, au rythme actuel, les forêts boréales risquent de devenir la source principale de carbone liée à la combustion de la biomasse, devançant les brasiers tropicaux bien plus médiatisés. À moins que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne soient réduites de façon forte et rapide, ce qui représente une éventualité plus qu’improbable si l’on en croit le dernier bilan du Global Carbon Project.
« Ces facteurs pourraient potentiellement conduire à un réchauffement supplémentaire et créer un climat plus favorable à l’apparition d’incendies de forêt », signale Yang Chen, l’un des coauteurs de l’étude.