Une équipe de chercheurs américains s’est intéressée à ce qu’il se passait dans le cerveau des personnes croyantes. L’un des buts de cette recherche était de découvrir comment certaines personnes peuvent être fortement conditionnées par leur religion.
« Nous commençons tout juste à comprendre comment le cerveau participe à des expériences que les croyants interprètent comme spirituelles, divines ou transcendantes. »
Ces mots sont ceux de Jeff Anderson, neurologiste à l’école de médecine de l’Université de l’Utah (États-Unis), coauteur de l’étude publiée le 29 novembre 2016 dans la revue Social Neuroscience.
Les chercheurs ont utilisé des scanners fMRI (fonctional magnetic resonance imaging) permettant l’observation de l’afflux sanguin dans le cerveau. Ces derniers ont donc analysé l’activité cérébrale de 19 personnes se référant au culte mormon très populaire dans l’état américain de l’Utah et de sa capitale, Salt Lake City.
« Ces dernières années, les technologies d’imagerie cérébrale ont mûri de manière à nous permettre d’aborder des questions qui existent depuis des millénaires », poursuit le Dr Jeff Anderson.
Il s’avère que les observations des scientifiques ont révélé que lorsque que les adeptes écoutent un prêche, le noyau accumbens est très sollicité. Voici une définition de cette partie du cerveau tirée d’une plateforme pédagogique de l’Université McGill de Montréal (Canada) :
« Le noyau accumbens joue certainement un rôle central dans le circuit de la récompense. Son fonctionnement repose principalement sur deux neurotransmetteurs essentiels : la dopamine, qui favorise l’envie et le désir, et la sérotonine, dont l’effet traduit plutôt la satiété et l’inhibition. Il a d’ailleurs été démontré maintes fois chez l’animal que les drogues augmentent toutes la production de dopamine dans le noyau accumbens, tout en diminuant celle de sérotonine. »
Cette zone du cerveau s’active lorsque l’on est satisfait après avoir ressenti du plaisir comme lorsque l’on fume une cigarette ou lorsque l’on perçoit un bon salaire à la fin du mois. Ce lien entre la simulation de cette zone cérébrale et l’expérience spirituelle permet aux scientifiques de penser que l’endoctrinement religieux trouve sa source dans un conditionnement pavlovien (ou classique).
Ce concept a été utilisé au XIXe siècle par le médecin et physiologiste russe Ivan Pavlov pour expliquer que les réflexes et le comportement naturel de notre corps peuvent être influencés par notre environnement. La quasi-totalité des réflexes des animaux est gérée par cette loi, mais il est aussi possible de conditionner des personnes de cette façon.
En 1920, le psychologue américain John Broadus Watson a mené la célèbre expérience dite « du petit Albert ». Le spécialiste présentait un rat à un bébé qui tentait de le toucher, mais à chaque essai, l’homme faisait peur à l’enfant en frappant violemment une barre métallique à l’aide d’un marteau. Au bout de quelques répétitions, le petit Albert a fini par avoir peur à la vue du rongeur. L’enfant a ainsi associé le bruit effrayant au rat.
Les scientifiques américains se sont servis de leurs observations d’imageries cérébrales et des travaux réalisés sur le conditionnement depuis des décennies pour comprendre le fonctionnement du cerveau des croyants. Bien que l’on choisisse toujours de croire ou non, cette avancée pourrait guider les psychologues chargés de désendoctriner certaines personnes influencées par des sectes par exemple.
Sources : Live Science — EurekAlert ! — Ubergizmo