Les fluides s’épaississent à la vitesse de la lumière

Les fluides s'épaississent à la vitesse de la lumière : une nouvelle théorie étend la relativité d'Einstein aux fluides réels
Crédit : CC0 Domaine public

La viscosité est une propriété bien connue des fluides, qu’ils soient liquides ou gazeux. C’est ce qui fait que certains fluides comme l’eau coulent plus facilement tandis que d’autres, comme le miel, s’écoulent beaucoup plus lentement. Si cette notion est familière, les lois qui régissent le comportement des fluides à des vitesses extrêmes, proches de la vitesse de la lumière, le sont beaucoup moins. Pourtant, un article publié récemment apporte une grande nouveauté : une théorie de la viscosité des fluides à la lumière de la relativité restreinte d’Einstein. Cette avancée pourrait non seulement éclairer la physique des fluides classiques, mais aussi avoir des implications majeures dans des domaines aussi variés que l’astrophysique ou la physique des hautes énergies.

La viscosité : un concept fondamental

La viscosité mesure la résistance d’un fluide à l’écoulement. Plus un fluide est visqueux, plus il est épais et plus il résiste à se déplacer. Par exemple, l’air, qui est un fluide peu visqueux, se déplace facilement. En revanche, le miel, beaucoup plus épais, coule beaucoup plus lentement. La viscosité dépend de nombreux facteurs, notamment de la température, de la masse des particules et de leur taille.

Traditionnellement, la viscosité des fluides a été étudiée en utilisant des théories classiques, basées sur les principes de la physique newtonienne. Néanmoins, ces théories montrent leurs limites lorsque l’on considère des fluides qui se déplacent à des vitesses proches de celle de la lumière ou lorsqu’on cherche à comprendre des phénomènes extrêmes, comme ceux observés dans les plasmas d’astrophysique ou dans les collisions de particules à haute énergie.

La relativité restreinte : un défi pour la viscosité des fluides

La relativité restreinte, formulée par Albert Einstein en 1905, repose sur deux principes fondamentaux. D’abord, la vitesse de la lumière est constante dans tous les référentiels. Ensuite, les lois de la physique sont les mêmes pour tous les observateurs, quelle que soit leur vitesse. Ces idées ont radicalement changé notre compréhension de l’espace et du temps, entraînant des phénomènes contre-intuitifs tels que la dilatation du temps (le temps qui passe plus lentement pour un objet en mouvement) ou la contraction des longueurs (les objets se contractent dans la direction du mouvement à des vitesses proches de celle de la lumière).

Toutefois, ces effets relativistes n’avaient jamais été intégrés dans les théories de la viscosité des fluides. C’est là qu’intervient la nouvelle théorie. Un chercheur a récemment proposé une approche qui relie la viscosité des fluides à la relativité restreinte en prenant en compte le fait que la vitesse des particules dans un fluide peut approcher celle de la lumière. Cette théorie repose sur un modèle microscopique qui décrit les mouvements des particules sous l’effet d’un champ d’écoulement imposé tout en intégrant les principes de la relativité.

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Crédits : amgun/istock

Une théorie novatrice : la viscosité relativiste

La clé de cette nouvelle théorie réside dans l’introduction du facteur de Lorentz qui joue un rôle fondamental en relativité. Ce facteur permet de comprendre comment la quantité de mouvement des particules évolue à des vitesses proches de celle de la lumière. En effet, à des vitesses élevées, les particules gagnent en énergie et leur comportement est modifié par les effets relativistes.

Dans le cadre de cette théorie, la viscosité d’un fluide en mouvement rapide est proportionnelle à la viscosité classique du même fluide, mais multipliée par le facteur de Lorentz. Ce facteur augmente à mesure que la vitesse du fluide approche celle de la lumière, ce qui rend ainsi la viscosité beaucoup plus importante. En d’autres termes, plus un fluide se déplace rapidement, plus il devient visqueux en raison de l’augmentation de l’énergie des particules qui interagissent entre elles.

L’aspect fascinant de cette découverte est qu’elle permet de concilier les théories classiques de la viscosité des gaz à faible vitesse avec la dynamique des fluides relativistes, comme les plasmas de quarks et gluons qui existent dans des conditions extrêmes, par exemple dans les noyaux d’étoiles massives ou lors de collisions de particules à haute énergie.

Les implications de cette découverte : vers de nouveaux horizons

Cette avancée théorique ne se limite pas aux fluides classiques. Elle offre également un nouveau cadre pour comprendre des phénomènes physiques plus exotiques. Par exemple, la théorie prédit un comportement spécifique pour la viscosité dans les plasmas relativistes comme ceux observés dans des conditions de haute température où les particules se déplacent à des vitesses proches de celle de la lumière. Cela pourrait avoir des applications importantes dans des domaines comme l’astrophysique, notamment pour mieux comprendre le comportement des plasmas présents dans les étoiles à neutrons ou dans les environnements proches des trous noirs.

Un autre effet intéressant de cette théorie est l’éventuelle découverte d’un phénomène encore méconnu : l’épaississement des fluides à haute vitesse. En analogie avec la contraction des longueurs et la dilatation du temps, l’épaississement des fluides pourrait désigner un changement dans la structure interne des fluides lorsqu’ils se déplacent à des vitesses relativistes. Ce phénomène pourrait avoir des conséquences profondes pour la compréhension des plasmas à haute énergie et pour des applications dans les domaines de la physique des particules et de la fusion nucléaire.

Cette nouvelle théorie relativiste de la viscosité ouvre ainsi la voie à une meilleure compréhension des fluides à des vitesses extrêmes. Si elle est confirmée par des expériences et des observations futures, elle pourrait non seulement transformer la manière dont nous modélisons les fluides classiques, mais aussi offrir de nouveaux outils pour explorer des phénomènes astrophysiques et des processus de haute énergie.