CO3D sattélites
Crédits : CNES

Fini les angles morts : des satellites français offrent une vue inédite de notre planète

Il y a quelques jours, Arianespace a lancé avec succès les satellites de la constellation CO3D. Cet ambitieux projet d’Airbus Defence and Space observera l’ensemble des terres émergées comprises entre les latitudes -60° et +70° et ce, avec une précision pouvant atteindre un mètre dans les trois dimensions.

Répondre aux besoins en cartographie de précision

Le 25 juillet 2025, la fusée Vega-C d’Arianespace a décollé depuis le centre spatial européen de Kourou en Guyane avec à son bord, les quatre satellites de la mission Constellation Optique 3D (CO3D). Ces satellites de nouvelle génération d’une masse de 300 kilogrammes ont été placés sur une orbite héliosynchrone à 495 km d’altitude. Mais quel est le but de cette mission menée conjointement par Airbus Defence and Space et le Centre national d’études spatiales (CNES) ?

Comme l’indique un communiqué du 7 mai 2025, il sera question d’observer l’ensemble des terres émergées comprises entre les latitudes -60° et +70° afin de produire des images en couleur avec un niveau de précision de l’ordre du mètre et une résolution de 50 centimètres. Ces données répondront aux besoins en cartographie de précision des forces armées mais également, d’applications civiles telles que la sécurité civile, la géologie, l’hydrologie, l’urbanisme ou encore, la gestion des terres et des ressources.

« Les satellites seront regroupés en deux paires, positionnées sur la même orbite mais en opposition de phase, afin de maximiser la revisite sur un même site. Les deux satellites de chaque paire seront, eux, distants de 100 km. Les images qui seront produites grâce à leurs données seront dédiées à la modélisation de Modèles Numériques de Surface (MNS) grâce aux différents angles de prises de vues. Ils s’appuient sur le principe de parallaxe, le même principe qui permet par exemple à nos yeux de voir en trois dimensions. », peut-on lire dans le communiqué du CNES.

CO3D simulation sattélites
Simulation de modèle numérique de surface (MNS) CO3D sur la ville de Nice.
Crédits : CNES

Une technologie se basant sur la vision humaine

Décrit en géométrie et en astronomie, le principe de parallaxe est relatif au déplacement apparent – ou à la différence de direction apparente – d’un objet, au regard de deux points de vue distincts, non alignés avec l’objet en question. Dans des termes plus simples, il s’agit de l’effet se produisant lorsque la position de l’observateur change, modifiant ainsi la perception de la position d’un objet. En ce qui concerne les humains, nous observons en 3D avec nos deux yeux mais si nous bloquons une partie de notre vision, cette dernière se déforme. Le principe des satellites de la mission CO3D est donc similaire. Ceux-ci fonctionnent par paires et règlent ainsi le problème de leur vision incomplète afin d’obtenir un rendu net et surtout, avec un niveau de détail inédit.

Par ailleurs, cette technologie permettra de figer des éléments mobiles comme des véhicules, des vagues d’ondes gravitationnelles ou même des panache de fumée, une capacité inédite dans le cadre de missions spatiales.

Enfin, il faut savoir que le lancement d’Arianespace concernait également un autre satellite : MicroCarb, une mission du CNES. Ce dernier aura pour objectif de cartographier les sources et puits de dioxyde de carbone (CO2) – le plus important gaz à effet de serre – à l’échelle mondiale. L’objet embarquera un spectromètre à réseau dispersif afin de mesurer le taux de ce gaz présent dans l’atmosphère terrestre et ce, avec une très grande précision.

Voici une vidéo de présentation de la mission CO3D :

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.