En utilisant le télescope à rayons X eROSITA, des astronomes ont repéré un filament de matière intergalactique s’étendant sur près de cinquante millions d’années-lumière. C’est le plus long jamais découvert.
La distribution de la matière ne se fait pas de manière uniforme dans l’Univers. Si vous prenez beaucoup, beaucoup de recul, vous remarquerez en effet que sa structure s’apparente à une gigantesque toile cosmique. Dans ce tableau, des amas de galaxies (maintenues ensemble par la gravité) se positionnent aux croisements de gigantesques filaments de matière incandescente qui s’étendent dans l’Univers observable. À titre d’information, notez que plus de la moitié de toute la matière baryonique de notre Univers (qui compose les étoiles, les planètes ou encore vous-même) est contenue dans ces structures filandreuses.
Ceci dit, une équipe d’astronomes annonce avoir observé l’un de ces filaments de matière. Les détails de l’étude peuvent être consultés dans la revue Astronomy & Astrophysics.
Une structure gigantesque
Parce que ces structures sont très étirées, les particules qui les composent sont incroyablement diffuses, ce qui les rend extrêmement difficiles à repérer. Pour vous donner un ordre d’idée, notez que ces filaments ne contiennent qu’une dizaine de particules par m3.
Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs de l’Université de Bonn, en Allemagne, se sont donc appuyés sur le télescope spatial eROSITA, un télescope à rayons X construit par l’Institut Max Planck en Allemagne. « eROSITA dispose de détecteurs très sensibles pour le type de rayonnement X qui émane du gaz de ces filaments », explique Thomas Reiprich, principal auteur de l’étude. « Il dispose également d’un large champ de vision. De fait, il est alors capable de capturer une partie relativement importante du ciel en une seule mesure et à une très haute résolution ».
Pour cette recherche, les astronomes se sont concentrés sur le système Abell 3391/95. Composé de trois amas de galaxies, vous le retrouverez à environ 700 millions d’années-lumière de la Terre.
Grâce à cet instrument, ils ont non seulement pu isoler les amas et de nombreuses galaxies individuelles qui les composent, mais aussi deux filaments de gaz reliant les deux parties principales du système, dont l’un mesure 49 millions d’années-lumière. C’est le plus long jamais découvert à ce jour.

Ces nouvelles observations concordent également avec les résultats d’une simulation, développée par ces mêmes chercheurs et chargée de reconstruire l’évolution de l’Univers. « Les images de eROSITA sont en effet étonnamment similaires aux graphiques générés par ordinateur », souligne Thomas Reiprich. « Ce qui suggère que le modèle standard largement accepté pour l’évolution de l’Univers est correct ».