Fièvre jaune : une étude a reconstitué le parcours du virus depuis sa réapparition au Brésil

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Crédits : Pixabay

Depuis le début de l’année 2018, la fièvre jaune sème la panique au Brésil. Ressorti des fins fonds de la forêt amazonienne durant l’été 2016, le virus s’est dirigé vers le sud du Brésil, une zone très peuplée.

À São Paulo, la fièvre jaune (vomito negro) a causé 52 morts pour 134 cas recensés sur le seul mois de janvier 2018 contre 16 décès pour 53 cas sur toute l’année 2017. L’état de São Paulo – le plus peuplé du Brésil – est aux premières loges face au virus, comme le reste du sud du pays. Pourtant, ce même virus sommeillait encore dans la forêt amazonienne avant l’été 2016 durant lequel il en est sorti, véhiculé par des singes et des moustiques. En deux ans, ce sont 676 personnes qui sont mortes à cause de la fièvre jaune.

Une étude publiée dans la revue Science le 23 août 2018 et menée par une équipe internationale de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) et de l’Institut Oswald-Cruz de Rio (Brésil) a observé la propagation de la maladie. Le virus de la fièvre jaune s’est lancé à une vitesse de 3,3 km par jour en direction du sud du Brésil et les mégalopoles de São Paulo et de Rio de Janeiro. Il s’agit d’un foyer de peuplement important où vivent près de 35 millions d’âmes non vaccinées.

L’étude a permis aux chercheurs de reconstituer le parcours du virus depuis sa réapparition en juillet 2016. C’est la toute première fois que la vitesse de propagation du virus dans l’espace et le temps a été estimée, selon Nuno Faria, professeur au département de zoologie de l’Université d’Oxford qui s’est exprimé dans un communiqué relatant l’étude.

Par ailleurs, ces recherches ont permis de comprendre que le virus n’était pas transmis par les moustiques urbains Aedes aegypti, mais par des moustiques sauvages (Haemagogus et Sabethes) qui auraient d’abord piqué des singes. Ainsi, les premières personnes infectées vivaient sûrement à proximité de l’habitat de singes contaminés.

La reconstitution du parcours du virus a permis de comprendre que la contamination des singes avait précédé celle des hommes de quatre jours. En revanche, la vitesse de propagation était plus élevée que la vitesse normale liée aux singes. Cela qui indique que l’Homme y a lui-même fortement contribué, notamment par le biais du commerce illégal de singes ou encore le transport de moustiques infectés à bord des véhicules.

Enfin, les scientifiques ont annoncé que ces recherches permettront à l’avenir de réagir plus rapidement lors d’éventuelles prochaines épidémies.

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