Chaque femme a davantage de risques de mourir si son chirurgien est un homme

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Peu de domaines ont atteint la parité homme-femme et la médecine en fait partie. Une étude récente montre d’ailleurs qu’en tant que patientes, les femmes peuvent être victimes de préjugés sexuels implicites pouvant potentiellement mener à une issue fatale. Comment cela est-il possible ?

Une analyse de plus d’un million de dossiers médicaux

La parité homme-femme progresse doucement, mais de nombreux autres progrès doivent encore être faits. Effectivement, le sexisme a la peau dure. D’ailleurs, une étude récente montre que les patientes peuvent également être victimes de sexisme et se voir attribuer un diagnostic pouvant gravement porter atteinte à leur santé. En somme, une femme ayant un homme comme médecin a plus de risques  de décéder.

Dans le cadre de leurs travaux publiés dans la revue JAMA Surgery le 8 décembre 2021, les médecins du Sunnybrook Health Sciences Center de Toronto (Canada) ont analysé les dossiers médicaux d’environ 1,3 million de patients pris en charge par environ 3 000 chirurgiens. Les résultats font froid dans le dos. En effet, le risque décès est 32 % plus important pour les femmes lorsque lors d’une opération menée par un homme. Quant au risque supplémentaire de complications opératoires, l’augmentation est de 15 %. Sans grande surprise, les hommes opérés par des femmes ne rencontrent quant à eux aucun risque en plus.

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Une erreur dont l’issue aurait pu être fatale

Angela Jerath, principale auteure de l’étude et épidémiologiste, explique que les éventuelles différences d’un point de vue techniques entre les hommes et les femmes ne peuvent expliquer ces résultats. Effectivement, l’ensemble des chirurgiens reçoivent sensiblement la même formation. En revanche, la raison peut se trouver du côté des préjugés sexuels implicites, stéréotypes et autres attitudes subconscientes. Les chercheurs évoquent également des différences au niveau de la communication et des compétences interpersonnelles. Cela se manifesterait dans les échanges entre les chirurgiens et leurs patients avant l’opération.

Le dernier témoignage en date de ce genre de phénomène est celui de Hannah Catton, une Britannique de 24 ans vivant en Australie. Dans une interview accordée à BBC News le 24 janvier 2022, elle explique avoir consulté plusieurs médecins à propos de règles irrégulières, de douleurs abdominales, de fatigue, d’infections urinaires chroniques ainsi que de ballonnements. En réponse, les médecins lui ont conseillé de gérer son stress et de perdre du poids. Le calvaire a duré deux années avant que la jeune femme se voie diagnostiquer une tumeur ovarienne de 2,5 kg. Cet exemple d’errance médicale, qui est loin d’être un cas isolé, aurait pu coûter la vie à la patiente.