Ces femmes qui deviennent mères à 50 ans, nouveau phénomène de société ?

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Les grossesses ultras tardives (après 50 ans) ont tendance à se démocratiser en Europe et aux États-Unis. Que penser de ces mères qui assument leur maternité face aux nombreux risques auquel elles exposent leur enfant ainsi qu’elles-mêmes?

« On a un regard plus clément aujourd’hui qu’il y a dix ans sur les mères qui ont un enfant tard », indique Anne Solaz, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined).

En effet, les progrès de la médecine, mais surtout l’image renvoyée dans les médias change le regard habituellement porté sur les grossesses tardives. Les people sont souvent pris comme modèle, donc lorsque l’actrice Monica Bellucci ou encore la femme d’affaires suisse Margarita Louis-Dreyfus affichent fièrement leur maternité, cela divise l’opinion, mais tend également vers plus d’acceptation, et ce d’une manière générale.

En France en 2014, on compte 800.000 nouveau-nés, dont 98 naissances de mères de 50 ans, soit environ 0,0001 %, ce qui peut paraitre évidemment dérisoire. La même année aux États-Unis, 4 millions de bébés ont vu le jour dont 8.500 avaient une mère de plus de 45 ans, soit 0,002 % environ, un ratio presque 20 fois plus important que celui de la France. Le phénomène rencontre également un fort succès au Royaume-Uni où les nouveau-nés d’une mère de plus de 50 ans sont évalués à plusieurs centaines. Le nombre de ces grossesses a doublé en 5 ans, ce qui a amené le Ministère de la Santé britannique à éditer un rapport sur les grossesses tardives en 2014.

Ces grossesses ultras tardives sont possibles par le biais de la procréation médicalement assistée (PMA) dont la plupart des cas requièrent un don d’ovocytes. Cette pratique clinique et biologique est autorisée dans des pays comme l’Espagne, la Grèce ou encore la Belgique, et ce jusqu’à l’âge de 50 ans.

Selon Joëlle Belaïsch-Allart, gynécologue à l’hôpital des quatre villes situé dans la ville de Sèvres. Cette spécialiste des grossesses tardives parle de grossesses « créées à l’étranger et les risques sont assumés dans les maternités françaises » avant d’ajouter : « La moitié des femmes faisait une IVG (intervention volontaire de grossesse), un quart une fausse couche. Finalement, très peu avaient un enfant » avant 1993, où le don d’ovocytes n’existait pas encore.

La gynécologue française soulève d’autres points préoccupants : « Qu’il y ait un désir d’enfant de plus en plus tardif est une réalité. Que la contraception et les études plus longues repoussent l’âge de la grossesse aussi. Que les hommes mettent du temps à s’engager, c’est vrai aussi, mais une grossesse après 50 ans est une folie. »

Une folie qui pourrait avoir des conséquences telles que l’hémorragie de la délivrance, le diabète, l’hypertension ou encore le décès prématuré. En effet, un enfant de mère quinquagénaire a plus de risques de mourir dans l’utérus de sa mère, bien que les risques chromosomiques sont quasi nuls (l’ovocyte provient généralement d’une jeune femme). Joëlle Belaïsch-Allart déplore donc la légèreté de la plupart de ses patientes :

« Ces femmes ne sont pas conscientes qu’on ne s’achète pas un petit chat ou un petit chien. Il y a une limite à tout. »

Côté psychologie, l’image d’une femme de plus de 50 ans s’apparente à celle d’une grand-mère, ou presque :

« Une mère de 55 ans peut parfaitement élever son enfant », indique le sociologue François de Singly avant d’ajouter que « les gens ont une représentation des quinquagénaires et des sexagénaires d’il y a 20 ans ».

Cependant, les difficultés ne sont pas visibles durant la petite enfance, mais peuvent apparaitre à l’adolescence : on parle alors de fossé générationnel qui serait très important entre un enfant de 15 ans et une mère de 65 ans, bien plus qu’avec une mère de 45 ans.

« Toute la question est de savoir si une maternité à 50 ans répond à un véritable désir, alors que ces femmes n’ont pas pu avoir d’enfant avant ou s’il répond à un besoin (narcissique) » indique le psychologue Michaël Stora, spécialiste des adolescents.

Selon le psychologue, il s’agit d’une question cruciale, car l’enfant se construit dans les origines de sa conception. Un enfant désiré se portera bien mieux qu’un enfant né afin de satisfaire une mère dont le poids de l’âge minerait son quotidien.

Sources : Le VifTop SantéLe Bien Public