Une femme rend visite à son ancien coeur

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Crédits : Hunterian Museum

Il y a quelques jours, une femme qui avait subi une greffe du cœur à 22 ans a rendu visite à son ancien organe vital désormais exposé au Hunterian Museum de Londres.

Le Hunterian Museum est un musée rattaché au Royal College of Surgeons of England. Nommé d’après le célèbre chirurgien et anatomiste écossais John Hunter (1728-1793), il abrite des milliers de spécimens anatomiques, de squelettes, de modèles médicaux, d’instruments et d’œuvres d’art liés à l’anatomie ainsi qu’à la chirurgie.

Parmi les pièces les plus célèbres exposées figurait notamment le squelette de Charles Byrne, surnommé le « Géant irlandais ». Cependant, celui-ci n’est plus visible depuis la réouverture du musée en mars dernier. À la base, Byrne voulait en effet que son corps finisse en mer pour empêcher les anatomistes d’étudier son corps ou éviter que celui-ci ne soit exposé. Une partie de son vœu a donc finalement été exaucé plus de deux siècles après sa mort.

Un coeur pour sensibiliser

Le musée abrite également le coeur d’une dénommée Jennifer Sutton.

La jeune femme, aujourd’hui âgée de 38 ans, était étudiante à l’université lorsqu’elle s’est rendu compte qu’elle avait du mal à faire de l’exercice modéré. On lui avait alors diagnostiqué une cardiomyopathie restrictive. Il s’agit d’un type de maladie cardiaque caractérisée par une rigidité excessive du muscle cardiaque (myocarde) qui est souvent causée par des affections telles que la sclérodermie, l’amylose (dépôt anormal de protéines), la sarcoïdose ou d’autres maladies systémiques. Cette rigidité affecte alors la capacité du coeur à pomper du sang, ce qui peut entraîner une diminution du débit sanguin vers le reste du corps.

Les symptômes de la cardiomyopathie restrictive peuvent varier, mais ils peuvent inclure la fatigue, l’essoufflement, la toux, les palpitations cardiaques, les douleurs thoraciques, les œdèmes des jambes et des pieds, ainsi que des troubles du rythme cardiaque. Le traitement vise généralement à soulager les symptômes, à prévenir ou à gérer les complications, mais des interventions chirurgicales sont parfois nécessaires dans les cas plus graves et avancés, comme c’était le cas ici. Sans cette greffe réalisée en 2007, alors qu’elle n’avait que 22 ans, cette femme n’aurait en effet jamais survécu. Sa mère est par ailleurs décédée des suites de la même opération neuf ans plus tôt.

Une « expérience émotionnelle et surréaliste »

Suite à sa greffe, Sutton avait autorisé le Royal College of Surgeons à exposer son coeur dans l’espoir de sensibiliser le public aux maladies cardiaques et au don d’organes. Il y a quelques jours, Jennifer s’est finalement rendue au musée pour la première fois depuis son opération.

« Dès que vous entrez, vous pensez : mince alors, c’était à l’intérieur de mon corps« , a-t-elle déclaré à la BBC. « Mais c’est assez sympa aussi – c’est comme un ami. Il m’a quand même maintenu en vie pendant 22 ans et j’en suis vraiment fier« .

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Le cœur de Jennifer Sutton exposé au Hunterian Museum de Londres. Crédits : Tom Evans/Hunterian Museum

Notez que la jeune femme avait déjà visité son coeur lorsqu’il avait été présenté pour la première fois par la Wellcome Collection en 2007. Elle avait alors évoqué une « expérience émotionnelle et surréaliste ».