Ces « félins à dents de cimeterre » chassaient leurs proies jusqu’à l’épuisement

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Représentation d'artiste d'un chat-cimeterre. Crédits : Velizar Simeonovski / Université de Copenhagu

Des chercheurs ont cartographié l’ensemble du génome nucléaire d’Homotherium latidens. L’analyse d’ADN suggère que ces félins « à dents de cimeterre » chassaient en meute et qu’ils étaient capables de courir sur de longues distances.

Les « tigres à dents de sabre » est un terme un peu fourre-tout utilisé pour décrire d’anciens félins prédateurs qui affichaient à leur époque de longues canines qui dépassaient de leur gueule. Le terme plus technique pour ce groupe est Machairodontinae, une sous-famille maintenant éteinte de Felidae.

Ces animaux se divisaient en deux groupes : ceux à dents de sabre et ceux à dents de cimeterre. Les premiers avaient des canines supérieures allongées, étroites et un corps généralement trapu. Les félins à dents de cimeterre avaient quant à eux une canine supérieure plus large et plus courte, un corps généralement souple et des pattes plus longues.

Le célèbre Smilodon, affiché dans les films « L’Âge de Glace », est un exemple de tigre à dent de sabre, tandis qu’Homotherium latidens est un exemple de félin à dent de cimeterre. C’est ce second prédateur qui nous intéresse aujourd’hui.

Pour tenter d’en savoir plus sur ces anciens félins, des chercheurs de l’Université de Copenhague ont récupéré et analysé l’ADN d’un spécimen vieux d’au moins 47 500 ans retrouvé il y a quelques années dans le territoire canadien du Yukon.

Dans le cadre de ces travaux, ils ont cartographié l’ensemble de son génome nucléaire, une première pour un félin à dents de sabre, et l’ont comparé à ceux des félins modernes comme les lions et les tigres.

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Reconstruction d’Homotherium latidens.
Crédits : R. Barnett et coll., 2020 / Biologie actuelle

Que nous apprend cette analyse ?

Les chercheurs ont dans un premier temps découvert que l’Homotherium et les félins modernes avaient divergé d’un ancêtre commun il y a environ 22,5 millions d’années. En comparaison, les humains et les gibbons se sont séparés d’un ancêtre commun il y a environ 15 millions à 20 millions d’années.

La constitution génétique de leur système nerveux indique également des comportements sociaux complexes, ce qui laisse à penser que ces félins évoluaient en meute. Ils avaient également d’une bonne vision de jour. Autrement dit, il s’agissait probablement d’une espèce diurne qui chassait pendant la journée.

L’étude nous apprend que ces animaux profitaient de systèmes cardiovasculaires et respiratoires très robustes. Ceci laisse à penser que ces prédateurs étaient construits non pas pour le sprint, mais pour la course de fond. Aussi, ils chassaient probablement leurs proies en milieu ouvert jusqu’à l’épuisement. Confortablement installés au sommet de la chaîne alimentaire durant le pléistocène, ces félins ciblaient alors de grands animaux tels que des paresseux géants et des mammouths.

Enfin, ces travaux révèlent que ces félins étaient génétiquement diversifiés, du moins par rapport aux espèces modernes. Autrement dit, ils ne se reproduisaient qu’entre eux et étaient particulièrement nombreux à leur époque. Il s’agit d’une information nouvelle pour les chercheurs, dans la mesure où la rareté de cet animal dans les archives fossiles laissait au départ entendre le contraire.

Soulignons tout de même que cette analyse ADN reste limitée à un seul individu. De futurs travaux devront ainsi chercher à corroborer ces résultats avec plus de preuves génétiques.