La Federal Communication Commission (FCC) veut obliger les opérateurs de satellites en orbite terrestre basse à désorbiter leurs engins spatiaux dans les cinq ans suivant la fin de leur mission. Cette approche vise à limiter le nombre de débris en orbite basse. Il s’agit d’un délai beaucoup plus court que celui actuellement requis.
Une « règle des cinq ans » aux États-Unis
Des étages de fusées, satellites et autres épaves orbitales s’accumulent autour de la Terre depuis les années 60. Aujourd’hui, ces dizaines de milliers de débris constituent une menace pour les astronautes et les engins spatiaux. Ce problème de « déchets spatiaux », qui ne fera que d’empirer dans années à venir, a d’ailleurs été récemment évoqué par le roi Charles III nouvellement couronné. Alors qu’il s’exprimait lors du Sommet pour la durabilité de l’espace à Londres en juin, l’ancien Prince de Galles avait en effet plaidé pour une action urgente visant à prévenir une potentielle catastrophe orbitale.
Jusqu’à présent, le soutien international des organismes de réglementation nationaux ne s’était jamais fait ressentir, du moins pas suffisamment pour s’attaquer réellement au problème. Une annonce récente pourrait inverser la tendance : la Federal Communications Commission (FCC) des États-Unis obligera en effet les opérateurs à retirer les satellites de l’orbite dans les cinq ans suivant la fin de leur mission en orbite. Actuellement, cette limite est fixée à vingt-cinq ans, ce qui augmente inutilement le risque de collisions générant des débris.
Les satellites concernés seront ceux sous licence aux États-Unis ou ceux sous licence ailleurs qui cherchent à accéder au marché américain et qui évoluent jusqu’à 2 000 kilomètres au-dessus de la Terre. La FCC ne dicte pas comment la désorbitation doit être réalisée. Les agences et entreprises pourraient par exemple utiliser des propulseurs pour se réorienter vers le bas.
Les commissaires de la FCC devraient approuver cette proposition lors d’un vote le 29 septembre prochain. Si elle est adoptée, cette « règle des cinq ans » entrera en vigueur dans deux ans. On ne sait pas encore quelle serait la sanction en cas de non-conformité. Cette question pourrait faire l’objet d’une prochaine ordonnance.
Les constellations en ligne de mire
Bien que ces règles soient largement centrées sur les États-Unis, on pourrait s’attendre à ce que d’autres entités suivent leur exemple. Nous savons notamment que l’Agence spatiale européenne est très préoccupée par ce problème de débris. Il y a deux ans, l’ESA avait d’ailleurs signé un accord avec la start-up suisse ClearSpace pour désorbiter un déchet spatial de manière à le brûler dans l’atmosphère.
Plus récemment, des ingénieurs chinois ont également déployé avec succès une voile ultramince attachée à une partie de fusée pour accélérer son processus de désorbitation dans le cadre d’une mission-test.
Cette annonce de la FCC a été en partie motivée par la récente augmentation du nombre de satellites en orbite basse, principalement issus de méga constellations, telles que Starlink de SpaceX. Cette constellation compte désormais plus de 3 000 structures (la moitié de tous les satellites actifs en orbite) et devrait atteindre plus de 12 000 dans les années à venir. OneWeb a également lancé plus de 400 satellites, tandis qu’Amazon prévoit d’en lancer plus de 3 000 dans le cadre de son projet Kuiper. Plusieurs de ces lancements seront opérés par Ariane 6.
Aux États-Unis, la FCC est responsable de l’octroi de licences à ces satellites. Par le passé, l’agence avait été vivement critiquée pour avoir approuvé ces milliers de satellites sans aborder le problème des débris potentiels.
Une amélioration limitée
Cependant, tous ne sont pas convaincus de l’efficacité de cette approche, à l’instar de Hugh Lewis, un expert en débris spatiaux de l’Université de Southampton (Angleterre). En l’absence de règle de « désorbitation » en place, sa modélisation indique un potentiel de quelque 133 collisions au cours des deux prochains siècles. Une « règle de vingt-cinq ans » réduit ce nombre à 55 collisions, tandis qu’une « règle des cinq ans » ne fait que réduire le nombre à 43 collisions (soit une amélioration de 3 à 4 %).
Il s’agit malgré tout d’un premier pas. Et bien qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, ce nouveau projet de décret est un signe que la résolution du problème des déchets spatiaux est au moins à l’ordre du jour.