La messagerie instantanée reliée au célèbre réseau social permet aux internautes de voir si leurs messages ont été lus ou non. Cette fonction occasionnerait une surveillance qui serait source d’anxiété.
Il existe une notion que les sociologues nomment « surveillance latérale » ou « surveillance mutuelle », correspondant à la surveillance mise en œuvre par les expéditeurs de messages souvent sans même le savoir ! Cela implique également tout autre utilisateur du réseau intéressé de savoir « qui » aime, commente ou poste telle ou telle publication.
Si vous êtes utilisateur de Facebook, vous avez dû remarquer le changement intervenu il y a quelques années : Messenger a été intégré à Facebook. Peu après, une nouvelle fonction est apparue, celle consistant à voir si la personne à qui vous avez envoyé un message l’a bien reçu et bien lu (voir ci-dessous).

Cet exemple a été repris par un groupe de cinq chercheurs provenant d’universités américaines et écossaises, dont les recherches ont fait l’objet d’une publication de l’Université d’état de l’Indiana (PDF en anglais, 5 pages) ayant été présentée en mai 2017 à Denver (États-Unis) lors de la dernière Conference on Human Factors (CHI) traitant des études des facteurs humains dans les systèmes d’information.
Deux sondages ont été soumis à 718 volontaires recrutés sur la plateforme participative Amazon Mechanical Turk. Le premier s’adresse aux internautes en tant que destinataires de messages instantanés et le second en tant qu’expéditeurs. Les résultats montrent que 92,3 % des sondés savent très bien qu’ils peuvent voir si leurs messages ont été lus ou non, tandis que tout de même 40,86 % d’entre eux pensent à tort qu’il s’agit là d’un paramètre que l’on peut régler.
Il est possible d’ajouter que 68 % des volontaires « destinataires » ont déjà sciemment omis de lire un message, tout en sachant que l’expéditeur le saurait, un moyen de ne pas avoir à se justifier de cette non-lecture ou faire croire à un quotidien très rempli. Côté « expéditeurs », ils sont 88,5 % à affirmer vérifier si leurs messages ont bien été lus, sans parler de ceux utilisant ladite fonction pour surveiller qui regarde ses messages tout en se trouvant en mode « chat ».
Toutes ces variations ont une incidence sur les émotions et le comportement des utilisateurs. Face à la situation dans laquelle un message n’est pas lu, ils sont 12,4 % d’expéditeurs ne ressentant aucune émotion particulière, mais ils sont en revanche 30,3 % à être atteint par la colère. Pire encore, ces mêmes expéditeurs sont 42,8 % à être en colère lorsque leur message a été lu, mais resté sans réponse. Enfin, ils sont 6,2 % à s’être inquiétés lorsque le destinataire ne lisait pas ses messages.
Force est de constater que Facebook et Messenger sont ensemble source d’anxiété, de malaise et de malentendus. Un conseil ? Restez zen…
Sources : Sciences et Avenir – Frandroid