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La fusée Starship s'envole pour son premier test orbital. Crédits : SpaceX

Pourquoi la FAA va devoir embaucher, et vite

Plusieurs hauts responsables de SpaceX se plaignent de la façon dont la collaboration avec la Federal Aviation Administration (FAA) ralentit les progrès de l’entreprise non seulement dans le développement du programme Starship, mais aussi pour les missions Crew Dragon et Falcon 9. Pour accélérer le processus d’autorisation, la FAA, qui croule sous les dossiers, va devoir adapter sa stratégie.

Le rôle de la FAA

Aux États-Unis, la responsabilité de réglementer et d’approuver les lancements spatiaux revient à la Federal Aviation Administration (FAA). L’agence a mis en place un bureau spécifique appelé Office of Commercial Space Transportation (AST) pour superviser les activités spatiales commerciales, délivrer des licences et les permis de lancement. L’octroi de ces autorisations est une procédure particulièrement rigoureuse qui vise à garantir la sécurité et la conformité avec les lois et réglementations en vigueur.

D’après SpaceX, la FAA fait un assez bon travail avec les ressources dont elle dispose. Cependant, la société insiste sur le besoin d’embaucher plus de personnes travaillant dans son département des licences, et ce, pour plusieurs raisons.

Une cadence de lancements infernale

SpaceX sera auditionnée ce mercredi devant le sous-comité américain sur l’espace et la science. William Gerstenmaier, vice-président de la construction et de la fiabilité des vols de la société, sera l’un des témoins. SpaceX espère que le Congrès fournira des conseils à la FAA sur la manière de fonctionner plus efficacement.

La société d’Elon Musk est en effet sur le point de lancer environ 90 fusées cette année, principalement des boosters Falcon 9 depuis la Floride. L’année prochaine, l’entreprise espère doubler ce taux. Cependant, il n’y a pas que SpaceX.

De nouveaux entrants, tels que la fusée Vulcan de United Launch Allifance, la fusée New Glenn de Blue Origin et d’autres lanceurs plus petits seront bientôt opérationnels. On n’oublie pas non plus l’augmentation de la cadence de lancement de Virgin Galactic, le retour de la fusée suborbitale New Shepard de Blue Origin, ainsi que les vols en ballon à haute altitude.

Autrement dit, pour SpaceX, la FAA sera donc bientôt noyée sous les demandes d’autorisation. Le problème est que cela nuit aux opérations de la société.

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Une fusée Falcon 9 décolle de cap Canaveral (Floride) le mardi 6 octobre 2020. Crédits : SpaceX

SpaceX en concurrence avec elle-même

Ces derniers mois, selon SpaceX, ses programmes ont en effet dû rivaliser entre eux pour les examens de la FAA. Par exemple, les lancements de Falcon 9 de la société depuis la base spatiale de Vandenberg, en Californie, survolent parfois la plage de Jalama, située un peu plus au sud. La société effectue des calculs basés sur une analyse de la trajectoire de vol pour déterminer si la plage doit être fermée ou non. Cependant, comme ces travaux entrent parfois directement en concurrence avec l’analyse du programme Starship de la FAA, celle-ci suspend alors son examen de Jalama Beach pour se focaliser sur l’énorme fusée. De ce fait, SpaceX est obligée de trouver des fenêtres de lancement nocturnes lorsque la plage est vide.

Ce n’est ici qu’un exemple, mais de manière générale, il semblerait que SpaceX ne puisse pas évoluer correctement à cause de toutes ces procédures, certes nécessaires, mais souvent très longues.

Manque de personnel

Le fait est que toutes ces procédures ont considérablement ralenti le programme Starship et mis en danger le développement d’un système d’atterrissage humain pour le programme Artemis de la NASA. Selon les responsables de SpaceX, une réglementation inefficace diminue la compétitivité américaine à mesure que les programmes spatiaux en Chine et ailleurs dans le monde se développent.

Lors de l’audience de mercredi, William Gerstenmaier recommandera donc à la FAA de doubler les effectifs de la division des licences de son Bureau du transport spatial commercial. En outre, la FAA devrait pouvoir bénéficier d’un « pouvoir de recrutement accéléré » lui permettant de puiser dans le meilleur bassin de candidats. En termes d’efficacité, SpaceX recommande que l’agence puisse également s’appuyer sur la NASA, l’US Space Force et d’autres agences fédérales pour le soutenir dans le fardeau réglementaire auquel elle est confrontée.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.