Ces dernières années, le changement climatique est devenu un enjeu majeur pour la planète, ce qui incite les entreprises et les gouvernements à explorer des solutions innovantes. Parmi ces initiatives, ExxonMobil a récemment signé un bail pour 271 068 acres de terres sous-marines au large des côtes de Galveston, au Texas. L’objectif ? Capturer et injecter de manière permanente des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans le lit rocheux sous-marin. Ce projet pourrait ainsi devenir le plus grand site de stockage de CO2 aux États-Unis.
Le projet d’Exxonmobil
Les conséquences du changement climatique sont de plus en plus visibles et préoccupantes. Parmi les principaux facteurs responsables, le dioxyde de carbone (CO2) joue un rôle majeur. Ce gaz à effet de serre, qui atteint des niveaux record dans l’atmosphère, contribue en effet à l’intensification des vagues de chaleur, à la montée du niveau de la mer et à des événements météorologiques extrêmes. Ces manifestations du changement climatique soulignent l’urgence d’agir pour réduire nos émissions de CO2 et atténuer leurs effets dévastateurs sur notre planète.
Face à ce défi, diverses solutions sont envisagées et l’une d’entre elles est le captage et le stockage du carbone (CCS). C’est dans ce cadre qu’ExxonMobil a lancé un projet ambitieux : injecter une partie de ses émissions dans des formations géologiques sous-marines. En piégeant ce gaz dans le sous-sol, la société espère éviter qu’il ne soit libéré dans l’atmosphère, ce qui contribuerait ainsi à réduire l’impact des émissions de gaz à effet de serre.
Pour ce faire, la société a signé un bail pour 271 068 acres de terres sous-marines au large du Texas. Notez que les revenus générés par ce dernier, qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars, seront entièrement reversés au Fonds permanent des écoles du Texas, établi en 1845 pour soutenir l’éducation publique. Ce lien entre l’entreprise et le financement scolaire démontre une volonté d’ExxonMobil de contribuer à la société tout en s’attaquant à la problématique du CO2.
Comment cela marche-t-il ?
Le processus commence par le captage du CO2 qui est extrait des gaz d’échappement des centrales électriques et des usines à l’aide de technologies comme des systèmes d’absorption chimique ou des membranes semi-perméables. Une fois capté, il est transporté vers des sites de stockage par pipeline, camion ou bateau selon la distance à parcourir.
Ensuite, le CO2 est injecté à plus d’un kilomètre sous le sol ou le fond de l’océan dans des formations géologiques adaptées, telles que des aquifères salins ou des gisements de pétrole épuisés. À cette profondeur, le CO2 se transforme en un état supercritique et agit davantage comme un liquide, ce qui permet de maximiser la quantité stockée. Des couches de roches imperméables, souvent d’argile, recouvrent ces formations géologiques pour empêcher ce gaz de remonter à la surface. Les sites de stockage sont également surveillés en permanence pour détecter d’éventuelles fuites.
Des projets à travers le monde, notamment en Norvège, ont démontré l’efficacité de cette technologie. Le projet Sleipner a par exemple injecté environ un million de tonnes de CO2 par an dans une formation géologique sous-marine depuis son lancement en 1996.
Les dangers associés au stockage de CO2
Ce type de projet n’est pas sans risques. L’une des préoccupations majeures est le potentiel de fuite. Un événement tragique connu sous le nom d’éruption limnique en est un exemple marquant. En 1986, le lac Nyos au Cameroun, un lac de cratère volcanique, a en effet connu une éruption soudaine de CO2. Le gaz accumulé dans les profondeurs du lac a été libéré violemment, provoquant alors un tsunami de vingt-quatre mètres de haut qui a déferlé dans la vallée environnante. En quelques minutes, environ 1 700 personnes et 3 000 têtes de bétail ont perdu la vie, asphyxiées par le CO2 qui a rapidement rempli la vallée. Il s’agit ainsi de l’un des épisodes de fuite de gaz naturel les plus meurtriers de l’histoire.
Cet incident met en lumière les dangers inhérents à la manipulation et au stockage du CO2. Si un site devait connaître une autre fuite de ce genre, le gaz pourrait s’échapper dans l’environnement, acidifier les eaux environnantes et mettre en péril la vie marine. Ce scénario souligne donc la nécessité d’un suivi rigoureux et de systèmes de sécurité fiables pour minimiser les risques associés au stockage.