Extinction : la biodiversité aura besoin de millions d’années pour se rétablir

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Le taux actuel de déclin de la biodiversité dans les écosystèmes d’eau douce surpasse le taux d’extinction essuyé à la fin du Crétacé. La nature, dans ces environnements, aura également besoin de millions d’années pour s’en remettre, prévient une étude.

Il y a trois ans, la liste rouge de l’UICN – qui permet d’évaluer avec précision l’inventaire mondial de l’état de conservation de la biodiversité – considérait plus de 28 000 des 105 000 espèces étudiées comme étant menacées. Destruction de l’habitat, changement climatique, surexploitation, pollution… La crise actuelle du vivant, représentative de la 6e extinction de masse, est à mettre au crédit de l’Homme. Mais dans quelle mesure la nature est-elle mal en point ? Et pourra-t-elle seulement s’en remettre ?

Dans le cadre d’une récente étude, une équipe de biologistes évolutionnistes, de paléontologues, de géologues et de modélisateurs dirigée par l’Université Justus Liebig de Gießen, en Allemagne, a comparé la crise actuelle avec le dernier événement d’extinction de masse enregistré. À l’époque, il y a environ 66 millions d’années, l’impact d’un astéroïde au large de l’actuel Mexique avait entraîné la disparition d’environ 76 % de toutes les espèces de la planète.

Pour ces travaux, les chercheurs se sont concentrés sur les biotes d’eau douce, qui sont parmi les plus menacés, représentés par 3 387 espèces d’escargots fossiles et vivants couvrant les 200 derniers millions d’années. Appuyés par ces données, ils ont ensuite estimé les taux de spéciation et d’extinction des espèces concernées. Ils ont également déterminé le temps de rétablissement de ces biotes au fil du temps.

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Crédits : Adriansart/pixabay

Des millions d’années de convalescence

Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Communications Earth & Environment, sont particulièrement alarmants.

D’une part, parce que le taux d’extinction essuyé il y a 66 millions d’années, qui était plus important que ce que l’on croyait auparavant pour les biotes d’eau douce, est considérablement éclipsé par le taux d’extinction actuel (trois ordres de grandeur plus élevés). À ce rythme, les chercheurs prédisent qu’un tiers des espèces vivantes d’eau douce aura peut-être disparu d’ici 2100.

La perte d’espèces entraînera naturellement des changements dans les communautés d’eau douce concernées, mais à long terme, cela affectera l’ensemble des écosystèmes. « Nous comptons sur ces environnements fonctionnels pour maintenir la santé humaine, la nutrition et l’approvisionnement en eau douce », souligne en effet Dr Thomas A Neubauer, principal auteur de l’étude.

Autre point important d’après les chercheurs : il a fallu au total patienter près de douze millions d’années pour que l’équilibre soit rétabli dans les écosystèmes d’eau douce après le dernier événement d’extinction entamé il y 66 millions d’années. Étant donné que la crise actuelle de la biodiversité progresse beaucoup plus rapidement que la précédente, la période de rétablissement pourrait être encore plus longue, préviennent les auteurs.

« Malgré notre courte existence sur Terre, nous nous sommes assurés que les effets de nos actions dureront des millions d’années », conclut Thomas A Neubauer.

Pendant ce temps, nos actions en faveur de la biodiversité font toujours défaut. Un rapport de l’ONU soulignait en effet l’année dernière que les dirigeants n’avaient pas atteint les objectifs d’Aichi – l’équivalent de l’Accord de Paris sur le changement climatique – au cours de la dernière décennie. Ces derniers visaient à stopper la perte de la biodiversité, et à progresser vers son renversement.

De nouveaux objectifs sont en cours de négociation. Ils devraient être convenus plus tard cette année.