Pour les astronautes effectuant des missions de longue durée, il existe un phénomène que les agences spatiales peinent à expliquer, à savoir une dégradation des capacités visuelles. De nouvelles recherches apportent un élément de réponse à ce phénomène.
Pour la plupart des astronautes ayant effectué des missions de longue durée dans l’espace, le constat est le même : leur vue se dégrade et les examens médicaux effectués à leur retour sur Terre révèlent un écrasement et un aplatissement la zone arrière de leurs globes oculaires. Une équipe de chercheurs de l’institut du cerveau de l’Université de Miami (aux États-Unis) vient de publier de nouvelles recherches qui apportent une part d’explication à ce phénomène.
Pour ces chercheurs, l’origine de ce phénomène est une pressurisation du liquide céphalospinal (LCS). Leur étude a impliqué la mesure du volume de liquide céphalospinal présent dans le cerveau de 16 astronautes avant et après leur mission. Ils ont ainsi constaté que les astronautes qui avaient effectué une mission de six mois ou plus dans l’espace avaient accumulé une quantité inhabituelle de LCS autour de l’œil, ce qui n’était pas le cas pour ceux dont la mission était d’une durée plus courte.
« L’idée est que, sans l’aide de la gravité, le fluide n’est pas tiré vers le bas, et ne peut se répartir de manière uniforme. Il s’accumule donc au niveau de la cavité de l’œil, ce qui occasionne une pression inhabituelle », écrit Motherboard. Une pression qui est à l’origine de la déformation de l’œil et de la perte des capacités visuelles, ce qui est appelé Syndrome de la pression intracrânienne (VIIP). « Nous avons observé des changements structurels au niveau du globe oculaire, mais seulement dans le groupe qui est resté plus de six mois dans l’espace. Ces changements ont été associés à l’augmentation des volumes du LCS », explique Noam Alperin, en charge de l’étude, à Motherboard.
Commencer à obtenir des réponses sur ces pertes de capacités visuelles est très important pour l’avenir de la conquête spatiale et les missions longues durées qui animeront les prochaines décennies, les maladies de l’œil figurant parmi les préoccupations majeures du domaine. « La NASA a établi un classement des risques pour la santé des astronautes et les deux premiers sont les radiations et les maladies de l’œil. Certains rangeraient volontiers la perte de la vision en rang 1, parce que c’est un risque dont les implications à long terme sont extrêmement incertaines », explique Scott M. Smith, directeur du Laboratoire de biochimie nutritionnelle de la NASA au Centre spatial Johnson.