Aux États-Unis, des chercheurs ont mis au point un dispositif permettant d’alimenter un cerveau de porc après son décès. Baptisé « contrôle circulatoire pulsatile extracorporel », ce dispositif a permis de garder le cerveau de l’animal actif et « vivant » pendant plusieurs heures.
Alimenter un cerveau séparé du corps
Et s’il était possible de vivre durant quelques heures après la mort ? Et si un cerveau humain était capable de fonctionner normalement même une fois séparé du corps ? Dans un communiqué publié le 2 novembre 2023 par l’UT Southwestern Medical Center (États-Unis), des chercheurs ont détaillé une expérimentation assez incroyable et plutôt dérangeante allant dans ce sens sur le cerveau d’un porc.
Les responsables de l’étude ont en effet mis au point un dispositif permettant d’alimenter le cerveau de l’animal plusieurs heures après sa mort. Ils ont pour cela eu recours à une perfusion artificielle aux paramètres précis pour remplacer des artères sectionnées et ainsi alimenter le cerveau. Ces travaux, parus dans la revue Scientific Reports fin août 2023, évoquent la notion de contrôle « circulatoire pulsatile extracorporel » (EPCC).

Quelle est l’utilité d’une telle expérimentation ?
Comme son nom l’indique, l’EPCC consiste à perfuser un cerveau de manière artificielle avec l’objectif de le maintenir en activité. Le dispositif renferme un programme informatique qui maintient la pression artérielle, le débit sanguin et le rythme des pulsations. L’oxygénation et la température indispensables au fonctionnement du cerveau sont également maintenues. Par ailleurs, les chercheurs ont réalisé des mesures d’électrocorticographie intracrânienne (SEEG) ayant permis de mesurer l’activité neuronale. Après plusieurs ajustements de la pression, ces mêmes mesures ont témoigné de l’activité fonctionnelle du cerveau.
Cette expérimentation est plutôt dérangeante, si bien que se pose la question des objectifs. Pour les scientifiques, mesurer l’activité cérébrale indépendamment du reste du corps pourrait permettre de connaître davantage le fonctionnement de cet organe sans que d’autres organes n’exercent leur influence. Les chercheurs ont également mentionné la possibilité de mieux comprendre l’impact du sucre sur le cerveau, mais cela pourrait aussi concerner de nombreuses autres substances. Cela pourrait également permettre de tromper le cerveau lors d’une intervention lourde sur le système cardiaque, et donc de réduire le stress que cela induit.
Les responsables du projet affirment avoir reçu l’aval du comité local d’éthique en expérimentation animale. En revanche, aucune question d’ordre éthique n’a été soulevée par les chercheurs eux-mêmes. Par ailleurs, ce genre de travaux avait déjà été mené dans les années 1960. En effet, des scientifiques avaient tenté des perfusions artificielles sur des primates ainsi que des chiens sans réel succès.