Située à 1 500 années-lumière de la Terre dans la constellation du Cygne, KIC 8462852 (ou « l’étoile de Tabby ») est l’étoile la plus mystérieuse de la galaxie. Son comportement lui vaut de nombreuses théories, plus ou moins crédibles. Dernièrement, des chercheurs ont en suggéré une nouvelle qui pourrait expliquer les baisses irrégulières de luminosité, et qui n’implique pas d’extraterrestres.
En 2015 la NASA repérait une étoile étrange, KIC 8462852, que vous retrouverez dans la constellation du Cygne à 1 480 années-lumière de la Terre. Victime de baisses d’intensité de sa luminosité jusqu’alors inexpliquées, trois hypothèses étaient alors sorties du lot. Certains parlaient d’extraterrestres, spéculant sur la présence d’une mégastructure alien autour de l’étoile (sphère de Dyson). D’autres ont également pensé à un gigantesque ballet de comètes en transit. Ces deux premières explications ne tiennent pas. Plus récemment, une troisième fut avancée pour expliquer les caprices perturbants de l’étoile de Tabby : celle-ci aurait tout simplement avalé une planète, il y a entre 200 et 10 000 ans. Ce repas cosmique aurait alors pu rendre l’étoile temporairement plus brillante et les astrophysiciens auraient simplement observé depuis un siècle son retour à son état d’équilibre standard. Pourquoi pas. Il faudra cependant beaucoup d’autres analyses pour confirmer ou non cette hypothèse. Mais si l’explication était finalement plus simple qu’elle n’y paraît ?
Une récente étude suggère en effet la présence, en orbite proche autour de l’étoile, d’une planète semblable à Saturne, avec des anneaux vacillants. L’astrophysicien Mario Sucerquia et son équipe, de l’Université d’Antioquia en Colombie, expliquent en effet qu’une telle planète pourrait bloquer la lumière de l’étoile de façon irrégulière pendant un transit. Tout d’abord, les anneaux bloquaient une partie de la lumière de l’étoile, suivie de la planète, qui la réduirait de manière beaucoup plus forte. Suite au passage de la planète, les anneaux bloqueraient alors de nouveau la lumière de manière plus réduite. Les anneaux présenteraient également un angle différent à chaque transit.
Pour tester cette idée, Sucerquia et ses collègues ont simulé une courbe légère suivie par une planète anneau située à environ un dixième de la distance Terre-Soleil de son étoile. Ils ont alors découvert que l’étoile, de par sa masse, pouvait « étirer » les anneaux » de l’hypothétique planète, ce qui pourrait expliquer les irrégularités observées. Les oscillations étudiées suggèrent également que la planète pourrait avoir une masse comparable à celle de Neptune.
« Le but de ce travail est ici de montrer à la communauté qu’il existe des mécanismes qui peuvent modifier les courbes de lumière« , explique Sucerquia. « Ces changements peuvent être générés par la dynamique d’anneaux changeants, et les changements dans ces systèmes peuvent se produire à des échelles si courtes qu’il faudrait plusieurs années pour les détecter« . Rien n’est encore tablé donc. Cette hypothèse vient s’ajouter aux trois premières, même si les deux dernières semblent être les plus convaincantes. En attendant, les investigations continuent.