Il y a quelques mois une Ă©quipe dâastronomes dirigĂ©e par David Kipping, de lâUniversitĂ© de Columbia, annonçait avoir dĂ©couvert la toute premiĂšre lune extrasolaire, ou « exolune ». Si cette « dĂ©couverte » n’a pour le moment pas Ă©tĂ© confirmĂ©e, de nouveaux rĂ©sultats suggĂšrent que, si exolune il y a, ce monde pourrait sembler plus Ă©trange qu’on ne le pensait.
De nombreuses lunes ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans notre systĂšme solaire et de nombreuses exoplanĂštes Ă©galement, ailleurs dans la galaxie, mais Ă ce jour aucune lune extrasolaire nâa encore Ă©tĂ© formellement identifiĂ©e. Il y a quelques mois pourtant, des chercheurs de lâUniversitĂ© de Columbia annonçaient, aprĂšs analyses des donnĂ©es renvoyĂ©es par Kepler, avoir trouvĂ© des preuves solides suggĂ©rant lâexistence dâune lune orbitant autour dâune exoplanĂšte, elle-mĂȘme en orbite autour dâune Ă©toile appelĂ©e Kepler-1625, situĂ©e Ă environ 4 000 annĂ©es-lumiĂšre de la Terre. Bien que la prĂ©sence de cette lune soit encore hypothĂ©tique, certains astronomes poursuivent nĂ©anmoins les recherches. Câest notamment le cas de RenĂ© Heller, de lâInstitut Max Planck en Allemagne, qui se demande, comme beaucoup, Ă quoi pourrait bien ressembler ce monde.
Lâexolune nâayant pas Ă©tĂ© observĂ©e directement, ni mĂȘme confirmĂ©e, de nombreuses questions restent encore en suspens, notamment celles concernant sa taille ou sa masse exacte. Sâappuyant sur les donnĂ©es de Kepler, Heller spĂ©cule de son cĂŽtĂ© que cette lune pourrait tout aussi bien ĂȘtre un petit corps gazeux de la taille de la Terre, quâun monde rocheux recouvert dâun ocĂ©an aussi grand que Saturne. La fourchette est assez large, mais il soupçonne un corps se situant en quelque sorte « au milieu » de cette fourchette : un monde ressemblant Ă Neptune. Une telle mĂ©ga-lune nâexiste pas dans notre systĂšme solaire. Ainsi, si lâexolune existe, son mĂ©canisme de formation nous serait totalement inconnu.
Nous observons dĂ©jĂ de nombreuses lunes dans notre systĂšme. Saturne, pour ne citer quâelle, en possĂšde Ă elle seule 62. Tous les mĂ©canismes de formation lunaire de notre voisinage cosmique sont assez bien compris. Notre lune, par exemple, est le rĂ©sultat dâun impact gĂ©ant survenu il y a plusieurs milliards dâannĂ©es, opposant notre planĂšte Ă une protoplanĂšte de la taille de Mars. Les dĂ©bris se sont ensuite agglutinĂ©s pour finalement former notre satellite. Les lunes de Jupiter, autre exemple, se sont formĂ©es autour de la planĂšte en dĂ©veloppement Ă partir des dĂ©bris Ă©pais de gaz et de poussiĂšre prĂ©sents sur son passage (Jupiter a pas mal bougĂ© depuis sa formation). La plupart des lunes de Neptune, derniĂšre planĂšte de notre systĂšme, ont Ă©tĂ© capturĂ©es par la gravitĂ© de la planĂšte. Ainsi, ces trois scĂ©narios sont les seuls que les astronomes apprĂ©hendent â mais aucun ne peut expliquer une exolune si grande. Cela signifie que si lâobjet venait Ă ĂȘtre « validé », il reprĂ©senterait « une Ă©nigme Ă rĂ©soudre » pour les astronomes, explique Heller Ă Newscientist.
Les recherches se poursuivent donc. Le tĂ©lescope spatial Hubble devrait normalement braquer son Ćil en direction de cette supposĂ©e lune Ă compter du 28 octobre prochain. Si la prĂ©sence de cet objet est prochainement avĂ©rĂ©e, il sâagirait tout simplement de la plus grande lune jamais observĂ©e.
Source