Existe-t-il des alternatives à l’expérimentation animale ?

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Crédits : Pixabay

Organes miniatures, algorithmes, expérimentation humaine… Certaines alternatives à l’expérimentation animale commencent à s’élever, à mesure que les techniques évoluent. Mais peuvent-elles réellement remplacer les tests sur les animaux ?

Les rats et les souris présentent une génétique assez proche de la nôtre. Ils se multiplient rapidement, ne coûtent pas très chers, et leur durée de vie est relativement courte. Ils n’ont également – et accessoirement – pas le même lien émotionnel avec les Hommes que les chiens par exemple, ou les primates. Le sentiment de culpabilité de celui qui exploite est donc minimisé. Un sondage réalisé en 2008 avait en effet révélé que plus de la moitié (51 %) des personnes interrogées désapprouvaient toute expérimentation sur les chiens et les singes, même si cela pouvait aider les humains, alors que seulement 18 % désapprouvaient l’expérimentation sur les souris.

Pour toutes ces raisons donc, la très grande majorité des expérimentations animales se font sur les rongeurs, même s’il existe d’autres animaux utilisés comme organismes modèles.

Les institutions scientifiques affirment la nécessité d’avoir recours à cette méthodologie pour garantir les progrès scientifiques. De nombreuses maladies n’auraient en effet pas pu être traitées, et de nombreuses vies humaines n’auraient pas pu être sauvées sans le recours à l’expérimentation animale. Cette dernière reste malgré tout une pratique controversée. Et pour cause. Les animaux sont privés de leur propre vie. Ils sont élevés, testés, re-testés, et souvent tués pour le seul bénéfice humain.

Outre les préoccupations éthiques, légitimes, les animaux sont également trop différents des humains pour prédire avec succès les effets de certains produits sur notre corps. En ce sens, des efforts sont actuellement pensés pour tenter de trouver des alternatives.

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Quelles sont les alternatives à l’expérimentation animale ? Crédits : Pixabay

Les algorithmes

Une première approche consisterait à remplacer les animaux par des algorithmes. Des modèles informatiques seraient en effet capables, par le jeu des statistiques, de prédire les effets de certains produits sur l’organisme. Une étude menée par des chercheurs américains de l’Université Johns Hopkins dans le Maryland, a par exemple montré que les algorithmes pourraient même être meilleurs que les tests sur animaux pour prédire la toxicité de divers composés. Ce genre de « prévisions informatiques » pourrait également être moins coûteux, et beaucoup plus rapide que les tests habituels. Et l’avantage de l’algorithme, c’est qu’il n’éprouve aucun sentiment.

Notons tout de même que cette méthode s’appuie sur des décennies de recherches sur les animaux. Et que nous ne pourrons utiliser les ordinateurs pour remplacer totalement les tests sur animaux, car nous avons besoin de ces tests pour générer les données nécessaires.

Les mini organes

Depuis quelques années, des chercheurs commencent à cultiver des cellules humaines sur des échafaudages intégrés dans des puces en plastique. L’idée générale consiste à créer de minuscules structures imitant le fonctionnement de nos organes (cœur, foie, poumons, reins, et même peau humaine). Une fois ces structures développées, des tests peuvent alors être menés en toute sécurité. L’avantage, c’est que ces résultats, basés sur des cellules humaines, seraient forcément beaucoup plus pertinents que ceux obtenus sur des animaux. Une première étape avant de penser les premiers essais cliniques.

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Un prototype de cœur en impression 3D de la taille d’un cœur de lapin. Crédits : Jack Guez

Et si les humains se testaient sur eux-mêmes ?

L’idée serait ici de mettre en place des tests contrôlés assurant de ne pas mettre en danger la santé humaine. L’une de ces méthodes les plus prometteuses est celle dite du « microdosage ». Comme son nom l’indique, le principe consiste à proposer à un cobaye humain un nouveau traitement en quantités infimes. Nous pourrions alors mesurer l’impact du composé sur les cellules humaines, tout en réduisant au maximum les risques physiologiques. La posologie pourrait ensuite être repensée (et augmentée au besoin) en fonction des résultats.

Il reste encore du chemin

Ces alternatives pourraient-elles alors bientôt se faire une place de choix dans l’industrie médicale ? Il semblerait que ce soit effectivement possible dans certains domaines de recherches, comme la cosmétique, ou la toxicologie. La biologie sous-jacente à ces types de recherches est en effet beaucoup plus simple, ce qui permettra à terme de passer à d’autres méthodes.

Mais dans d’autres domaines de recherches où les mécanismes en jeu sont plus complexes, les modèles animaux restent à ce jour la seule alternative nous permettant de comprendre les effets à long terme d’un composé, d’un médicament ou d’une maladie. Si les « mini-organes sur puce » sont effectivement prometteurs, ils ne proposent qu’un seul critère d’évaluation. Et l’organisme humain est une machine complexe, où chaque partie du corps semble interconnectée.

Il existe donc plusieurs alternatives. Mais pour l’heure, aucune n’est assez avancée pour éradiquer de manière définitive les tests sur les animaux. Nous pouvons en revanche les réduire, autant que faire se peut, et continuer à chercher d’autres options de rechange. Alors un jour peut-être, l’expérimentation animale ne sera qu’un vieux souvenir.

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