Il y a 42 000 ans, le ciel s’est illuminé à l’équateur

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Crédits : MartinStr/Pixabay

De nos jours, mieux vaut se diriger très au nord pour apprécier la beauté des aurores. Il y a 42 000 ans, votre meilleur pari aurait en revanche été de viser l’équateur à cause d’une excursion du champ magnétique terrestre.

L’excursion de Laschamp

Le ballottement métallique près du centre de la Terre et la rotation de la planète génèrent ensemble des pôles magnétiques à la surface au nord et au sud. Des lignes de champ magnétique relient ces pôles en arcs courbes, formant une zone de protection, la magnétosphère, qui protège notre planète des particules radioactives en provenance de l’espace. Du côté de la Terre qui fait face au Soleil, la magnétosphère est comprimée à environ six à dix fois le rayon de la Terre. Du côté nocturne, la magnétosphère s’écoule finalement dans l’espace.

Il y a environ 780 000 ans se produisait la dernière inversion connue du champ magnétique terrestre. Lors d’un tel événement, les pôles magnétiques se reconfigurent en phase ou en opposition de phase avec les pôles géographiques. Depuis, le champ magnétique terrestre n’a pas subi d’inversion, mais il n’est pas resté figé pour autant, subissant des phases d’interruption brutales, mais ne débouchant pas sur une inversion permanente de polarité. Une quinzaine de ces événements  appelés « excursions » ont été identifiés depuis 780 000.

L’échelle de temps propre à ces fluctuations s’étend du millier à la dizaine de milliers d’années. La plus récente, l’excursion de Laschamp, a eu lieu il y a environ 42 000 ans.

À cette époque, le nord et le sud magnétiques de la planète se sont affaiblis et le champ magnétique s’est incliné sur son axe, diminuant à une fraction de son ancienne force (près de 4% des valeurs modernes). Ce processus a donc réduit l’attraction magnétique qui dirige normalement le flux de particules solaires vers les pôles nord et sud où elles interagissent avec les gaz atmosphériques pour illuminer le ciel nocturne, créant les célèbres les aurores boréales et méridionales.

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Crédits : flickr.

Des aurores à l’équateur

Quelles ont été les conséquences cet événement pour le ciel nocturne ? Pour le comprendre, une équipe s’est appuyée sur différents modèles et simulations pour déterminer l’emplacement, la forme et la force de ces aurores. Les chercheurs ont alors découvert que même si la magnétosphère avait diminué d’environ 3,8 fois le rayon de la Terre lors de l’excursion de Laschamp, elle n’avait jamais complètement disparu. Au cours de cette période de force magnétique réduite, les pôles qui étaient auparavant positionnés au nord et au sud se sont déplacés vers les latitudes équatoriales. Et forcément, les aurores ont suivi.

Lors de la conférence annuelle de l’American Geophysical Union (AGU), les chercheurs ont rapporté qu’il aurait ensuite fallu environ 1 300 ans pour que le champ magnétique retrouve sa force et son inclinaison d’origine.

Des études antérieures ont en effet suggéré que cette dernière excursion géomagnétique, couplée à un grand minimum solaire, avait également entraîné des changements environnementaux dramatiques, affectant l’habitabilité sur la Terre préhistorique et contribuant peut-être même à la disparition des Néandertaliens en Europe.