Agiter la salière au-dessus de votre repas quotidien pourrait nuire gravement à votre santé. Selon une récente étude américaine préconisant une campagne massive de prévention, la consommation excessive de sel ferait 1,6 million de victimes dans le monde chaque année. À savoir que les Français consomment 7 grammes de sel par jour. Un tel excès peut engendrer diverses maladies graves alors que ce phénomène mondial est inégalement réparti.
Hypertension, maladies cardiovasculaires, accidents cardiovasculaires, mais également ostéoporose et cancer de l’estomac seraient au menu des conséquences d’une consommation excessive en sel de table ou de cuisson. L’étude provient de la faculté de sciences de la nutrition à l’université Tufts de Boston, dont le principal auteur est le docteur Dariush Mozaffarian, également président de la faculté.
« Il est établi que la consommation de niveaux élevés de chlorure de sodium fait grimper la tension artérielle et constitue un risque majeur de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux. Mais les effets de l’excès de sel sur les pathologies cardiovasculaires dans l’ensemble du monde selon l’âge, le sexe et les pays n’avaient pas été bien établis jusqu’alors. » Déclaration du DR Dariush Mozaffarian, dont les détails des recherches ont été publiés dans le New England Journal Of Medicine (NEJM).
L’Organisation mondiale de la Santé préconise une consommation maximale de 2 grammes par jour, or les chercheurs de Boston indiquent qu’elle aurait été de 3,95 grammes par jour en 2010. Il est possible de noter des écarts de consommation dans cet excès mondial, par exemple 2,18 grammes par jour en Afrique subsaharienne jusqu’à 5,51 grammes en Asie centrale.
En France, on consommerait quelque 7 grammes de sel par jour. Dans un rapport réalisé en partenariat avec l’Institut national de la consommation (INC), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) faisait état en 2012 de l’évolution de la consommation de sel des Français de 2003 à 2011. En 2003, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) prévoit de diminuer l’apport en sel de la population de 20 % en 5 ans. Le programme ne serait finalement pas arrivé à la moitié de ses objectifs.
« Ces 1,65 million de morts représentent près de 10% de tous les décès dus à des maladies cardiovasculaires et aucun pays et peu de régions du globe sont épargnés », toujours selon le Dr Mozaffarian.
Cependant, il faudrait prendre le résultat de cette étude avec précaution selon le Dr Suzanne Oparil de l’université d’Alabama : « Étant donné les nombreuses hypothèses utilisées par les auteurs pour compenser le manque de statistiques de bonne qualité, on se doit d’être prudents ». Une autre étude publiée sur la même édition du New England Journal Of Medicine démontrerait que chez certains individus, le lien est ambigu entre une potentielle consommation excessive de sel et le niveau de la tension artérielle, qui peut être à l’origine élevé, bas ou normal.
L’Institut américain de médecine, faisant autorité aux États-Unis, signalait dans un rapport en 2013 un lien entre l’excès de sel et les maladies cardiovasculaires, mais exigerait des études complémentaires afin d’acquérir la certitude que le fait de consommer moins de 2,3 grammes de sel par jour réduit les risques de maladies de ce type. L’American Heart Association a proposé à la Food and Drug Administration de limiter la quantité de sel consommé à 1,5 gramme par jour. En effet, plus de 75% du sel consommé par les Américains proviendrait des aliments industriels et des restaurants.
Sources : Sciences et Avenir – Pourquoi docteur ? – New England Journal Of Medicine
– Illustration : Mark Schellhase