Excès mondial de sel : Plus d’un million et demi de victimes par an ?

Crédits : Mark Schellhase / Wikimedia Commons

Agiter la salière au-dessus de votre repas quotidien pourrait nuire gravement à votre santé. Selon une récente étude américaine préconisant une campagne massive de prévention, la consommation excessive de sel ferait 1,6 million de victimes dans le monde chaque année. À savoir que les Français consomment 7 grammes de sel par jour. Un tel excès peut engendrer diverses maladies graves alors que ce phénomène mondial est inégalement réparti.

Hypertension, maladies cardiovasculaires, accidents cardiovasculaires, mais Ă©galement ostĂ©oporose et cancer de l’estomac seraient au menu des consĂ©quences d’une consommation excessive en sel de table ou de cuisson. L’Ă©tude provient de la facultĂ© de sciences de la nutrition Ă  l’universitĂ© Tufts de Boston, dont le principal auteur est le docteur Dariush Mozaffarian, Ă©galement prĂ©sident de la facultĂ©.

« Il est Ă©tabli que la consommation de niveaux Ă©levĂ©s de chlorure de sodium fait grimper la tension artĂ©rielle et constitue un risque majeur de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux. Mais les effets de l’excès de sel sur les pathologies cardiovasculaires dans l’ensemble du monde selon l’âge, le sexe et les pays n’avaient pas Ă©tĂ© bien Ă©tablis jusqu’alors. » DĂ©claration du DR Dariush Mozaffarian, dont les dĂ©tails des recherches ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans le New England Journal Of Medicine (NEJM).

L’Organisation mondiale de la SantĂ© prĂ©conise une consommation maximale de 2 grammes par jour, or les chercheurs de Boston indiquent qu’elle aurait Ă©tĂ© de 3,95 grammes par jour en 2010. Il est possible de noter des Ă©carts de consommation dans cet excès mondial, par exemple 2,18 grammes par jour en Afrique subsaharienne jusqu’Ă  5,51 grammes en Asie centrale.

En France, on consommerait quelque 7 grammes de sel par jour. Dans un rapport rĂ©alisĂ© en partenariat avec l’Institut national de la consommation (INC), l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) faisait Ă©tat en 2012 de l’Ă©volution de la consommation de sel des Français de 2003 Ă  2011. En 2003, le Programme National Nutrition SantĂ© (PNNS) prĂ©voit de diminuer l’apport en sel de la population de 20 % en 5 ans. Le programme ne serait finalement pas arrivĂ© Ă  la moitiĂ© de ses objectifs.

« Ces 1,65 million de morts représentent près de 10% de tous les décès dus à des maladies cardiovasculaires et aucun pays et peu de régions du globe sont épargnés », toujours selon le Dr Mozaffarian.

Cependant, il faudrait prendre le rĂ©sultat de cette Ă©tude avec prĂ©caution selon le Dr Suzanne Oparil de l’universitĂ© d’Alabama : « Étant donnĂ© les nombreuses hypothèses utilisĂ©es par les auteurs pour compenser le manque de statistiques de bonne qualitĂ©, on se doit d’ĂŞtre prudents ». Une autre Ă©tude publiĂ©e sur la mĂŞme Ă©dition du New England Journal Of Medicine dĂ©montrerait que chez certains individus, le lien est ambigu entre une potentielle consommation excessive de sel et le niveau de la tension artĂ©rielle, qui peut ĂŞtre Ă  l’origine Ă©levĂ©, bas ou normal.

L’Institut amĂ©ricain de mĂ©decine, faisant autoritĂ© aux États-Unis, signalait dans un rapport en 2013 un lien entre l’excès de sel et les maladies cardiovasculaires, mais exigerait des Ă©tudes complĂ©mentaires afin d’acquĂ©rir la certitude que le fait de consommer moins de 2,3 grammes de sel par jour rĂ©duit les risques de maladies de ce type. L’American Heart Association a proposĂ© Ă  la Food and Drug Administration de limiter la quantitĂ© de sel consommĂ© Ă  1,5 gramme par jour. En effet, plus de 75% du sel consommĂ© par les AmĂ©ricains proviendrait des aliments industriels et des restaurants.

Sources : Sciences et AvenirPourquoi docteur ?New England Journal Of Medicine

– Illustration : Mark Schellhase