Une nouvelle théorie sur l’évolution des mammifères après la disparition des dinosaures

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Dans les années 1970, les paléontologues envisageaient une évolution synchrone de la morphologie externe et du cerveau des mammifères, tous deux s’accroissant juste après la fin des dinosaures. Cependant, de nouveaux travaux sur des crânes fossilisés suggèrent des développements indépendants.

Coup du sort

Il y a de cela 66 millions d’années disparaissaient les dinosaures, suite à la collision d’une météorite géante (l’hypothèse la plus plausible à ce jour) dans la péninsule du Yucatán au Mexique. Privée de ses anciens principaux prédateurs dominant la surface de la planète, la faune rescapée s’est découvert un monde nouveau propice à son épanouissement. Avant cette extinction de masse, les mammifères vivaient nichés pour échapper aux dinosaures, ne pouvant obtenir une taille plus importante durant plusieurs dizaines de millions d’années. Puis le hasard d’une ampleur cataclysmique a joué en leur faveur, permettant aux espèces survivantes de proliférer en surface et d’explorer de nouveaux territoires. En outre, libérés des élites de la prédation, certains mammifères ont atteint des tailles parfois colossales. Aujourd’hui, les mammifères sont les vertébrés ayant le ratio le plus élevé entre la taille du cerveau et celle du corps.

Des changements significatifs pour les mammifères

Suite à la découverte récente de crânes de mammifères fossilisés, la géoscientifique Ornella C. Bertrand, de l’Université d’Édimbourg (Royaume-Uni), auteure principale d’une étude publiée en avril 2022, s’accorde à dire que le corps des mammifères s’est développé en premier, entre 66 et 56 millions d’années avant notre ère. En revanche, l’accroissement du cerveau se serait déclaré plus tardivement, entre -56 et -32 millions d’années. Cette réflexion plus accrue était directement liée au besoin de s’adapter à un environnement toujours plus complexe, comme la concurrence grandissante pour la nourriture et la saturation des écosystèmes qui nécessitaient d’apporter de nouvelles solutions à certains problèmes de survie encore inédits.

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« [Les chercheurs] ont examiné les taux d’encéphalisation chez les mammifères à partir du Paléocène et ont constaté […] que la taille du corps était la première à augmenter, permettant le remplissage des niches après l’extinction des dinosaures […]. Ce n’est que plus tard, à l’Éocène, que la taille du cerveau a commencé à augmenter, probablement en raison d’un besoin de plus grande cognition dans des environnements de plus en plus complexes. Cela a conduit aux cerveaux hautement encéphalisés d’aujourd’hui, y compris ceux des humains », explique Ornella C. Bertrand.

Cette déduction résulte de l’analyse de 34 crânes de mammifères datant du Paléocène (66 à 56 millions d’années avant notre ère) provenant du Nouveau-Mexique et du Colorado (États-Unis). Leurs images tomographiques (une reconstitution en trois dimensions par ordinateurs des crânes) ont permis aux chercheurs de mettre en avant l’hypothèse de l’évolution cérébrale tardive par rapport aux muscles, notamment grâce aux détails de l’imagerie situant le néocortex et les bulbes olfactifs. Ces développements distincts seraient donc espacés d’une dizaine de millions d’années. Cette théorie est cependant toujours en discussion au sein de la communauté scientifique.

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Le Dakotaraptor, théropode du Crétacé, découvert dans le Dakota du Sud aux États-Unis. Crédits : Warpaintcobra/iStock

La recherche paléontologique a encore tant de choses à découvrir sur les espèces qui ont foulé la Terre. Entre autres, nous venons à peine de découvrir que certaines espèces de dinosaures terrestres portaient des plumes. Par conséquent, la représentation que nous nous faisons d’eux pourrait encore évoluer.