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Crédits : Wally Gobetz / Flickr

Durant plusieurs siècles, les Européens ont mangé des momies pour se soigner

Suite à plusieurs malentendus et erreurs de traduction, les Européens médiévaux ont commencé à penser que la consommation de corps embaumés pouvait les guérir de la maladie. À l’époque, les momies n’étaient donc pas seulement intéressantes pour leur valeur historique.

Momies/mummia : une confusion morbide

En Europe, au XVe siècle, soigner les migraines, maux de ventre, problèmes cardiaques et cancers pouvait se faire grâce à la consommation de corps embaumés. En tout cas, c’est ce qu’une partie de la population croyait, comme l’expliquait le National Geograhic dans un article publié le 1er mai 2023. Les croyances autour des prétendues vertus médicales de certaines parties du corps seraient le résultat d’une série de mauvaises traductions et de malentendus.

Comme l’expliquait déjà en 1985 l’historien Karl Dannenfeldt dans le Sixteenth Century Journal, la pratique serait née au XIe siècle et aurait d’abord concerné les momies égyptiennes. Or, la confusion était à l’époque totale concernant le mot « mummia ». En réalité, ce terme ne concerne en effet pas les momies, mais un bitume spécial provenant de suintements de poix présent sur le flanc d’une montagne en Perse. En somme, il s’agissait d’un genre d’asphalte naturel provenant d’une roche noire (voir ci-après). Or, la substance était très prisée dans le monde arabe et utilisée à des fins médicales. La mummia était donc très chère, rare et évidemment jugée efficace.

mummia roche noire Perse
Crédits : Domaine public / Wikimedia Commons

Une pratique qui a duré plusieurs siècles

Toutefois, les Européens qui découvraient le monde arabe ont commencé à traduire des textes et ont visiblement fait quelques erreurs. En effet, les traducteurs du XIe et du XIIe siècle ont indiqué que la mummia était une substance provenant des corps conservés dans les tombes égyptiennes. Il faut dire que la confusion est assez compréhensible, le mot « mummia » ressemblant beaucoup au mot « momie ».

Ainsi, des Européens ont pratiqué un genre de « nécrophagie médicale » en pensant que cet acte allait les aider à se soigner. De plus, cette pratique s’ajoutait à d’autres habitudes tout aussi morbides, comme celle consistant à boire du sang de gladiateur pour soigner les crises d’épilepsie ou encore le recours à la graisse humaine dans certains remèdes. Les médecins prescrivaient donc parfois de la mummia pour guérir les maux de tête ou encore éviter les crises cardiaques et même pour venir à bout du cancer.

Dans un premier temps, des personnes avides ont abondamment pillé des tombes égyptiennes pour en prélever les momies. Cependant, lorsque l’offre ne suffisait plus à couvrir la demande, d’autres ont commencé à vendre de fausses momies, autrement dit des corps embaumés d’esclaves ou de malfrats récemment morts. Cette pratique a finalement perduré très longtemps puisque l’engouement pour la mummia ne s’est estompé qu’à la fin du XIXe siècle.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.