Une étude basée sur des observations radar au Groenland suggère que la coquille de glace d’Europe, la lune de Jupiter, pourrait contenir une abondance de poches d’eau sous sa surface. Les résultats de ces travaux, publiés dans Nature Communications, ont évidemment des implications pour la recherche de la vie extraterrestre. Deux missions seront bientôt envoyées sur place pour en apprendre davantage.
Europe est une candidate de choix pour la recherche de la vie extraterrestre, avec Mars et Encelade. Et pour cause, les données suggèrent la présence d’un océan souterrain salé et probablement riche en oxygène possiblement en contact avec son noyau rocheux. En théorie, un tel flirt pourrait donner lieu à des réactions chimiques complexes susceptibles de conduire à l’apparition et au développement du vivant.
Malheureusement, nous savons que cet océan évolue sous plusieurs dizaines de kilomètres de glace, ce qui rend la perspective de son analyse très intimidante. Cependant, de plus en plus de preuves suggèrent que la coquille de glace d’Europe pourrait être un site d’habitabilité potentielle à part entière.
Un analogue terrestre
Sur Terre, les chercheurs analysent les régions polaires à l’aide d’instruments géophysiques aéroportés pour comprendre comment la croissance et le retrait des calottes glaciaires pourraient avoir un impact sur l’élévation du niveau de la mer.
Des analyses de données collectées de 2015 à 2017 par l’opération IceBridge de la NASA au Groenland ont révélé comment une double crête, située au nord-ouest du territoire, s’est produite lorsque la glace s’est fracturée autour d’une poche d’eau liquide sous pression qui regelait à l’intérieur de la calotte glaciaire. Ce processus aurait ainsi provoqué l’élévation de ces deux crêtes en surface.
Or, nous savons que des « doubles crêtes » apparaissent également sur Europe, bien qu’elles soient beaucoup plus imposantes que celles du Groenland. Certaines peuvent en effet atteindre trente mètres de haut, séparées par des vallées de plusieurs centaines de mètres de large.
Les scientifiques sont au fait de l’existence de ces caractéristiques depuis les années 1990. Toutefois, jusqu’à présent, ils n’avaient jamais été en mesure d’expliquer leur présence. Il est finalement tout à fait possible que des processus comparables à ceux opérés au Groenland aient eu lieu sur Europe. L’eau de son océan souterrain pourrait en effet avoir été forcée de remonter vers le haut de la coquille de glace au moyen de fractures, avant de congeler. Ce processus aurait finalement finalement provoqué la rupture de la coquille, nous révélant ces énormes formations à doubles crêtes.
Deux missions pour en avoir le cœur net
Plutôt que de se comporter comme un bloc de glace inerte, la coquille d’Europe semble subir une variété de processus géologiques et hydrologiques facilitant la remontée d’eau et de nutriments vers la surface. Des produits chimiques intéressants provenant de l’espace ou d’autres lunes de Jupiter pourraient se « mêler à la fête » pour y favoriser, pourquoi pas, l’émergence de la vie.
Ces travaux sont d’autant plus intéressants que deux missions équipées de radars (JUICE de l’ESA et Europa Clipper de la NASA) se rendront bientôt sur place. Les données collectées pourront alors être comparées à celles du Groenland.