Les données récentes collectées par l’orbiteur Juno de la NASA révèlent des informations surprenantes concernant la production d’oxygène par la lune jovienne Europe. Contrairement aux estimations antérieures, il semble que cette lune ne produise qu’environ 12 kilogrammes d’oxygène par seconde, soit près de 100 fois moins que ce qui était initialement estimé. Cette découverte a des implications importantes pour l’évaluation de la probabilité de trouver une vie éventuelle dans l’océan souterrain d’Europe.
Une petite lune à grand potentiel
La fascination des astrobiologistes pour Europe, l’un des satellites de Jupiter, repose principalement sur deux facteurs clés qui font de cette lune un objet d’étude privilégié dans la recherche de conditions propices à la vie au-delà de la Terre.
Europe est soupçonnée d’abriter un vaste océan d’eau liquide sous sa surface gelée. Les premières spéculations sur la présence de cet océan ont émergé grâce aux données recueillies par les missions Voyager en 1979, et des missions ultérieures, telles que Galileo.
La présence d’eau liquide est cruciale, car elle est considérée comme l’un des ingrédients essentiels à la vie telle que nous la connaissons. Sur Terre, l’eau se présente en effet comme un solvant fondamental pour de nombreuses réactions biochimiques et est associée à l’émergence et au maintien de la vie.
En outre, Europe orbite également à l’intérieur du champ magnétique intense de Jupiter. Cette interaction crée des forces de marée qui provoquent des contraintes et des frottements à l’intérieur de la lune, générant une chaleur interne significative. Cette chaleur pourrait donc maintenir l’eau de l’océan sous forme liquide malgré la distance importante de Jupiter.
Cette chaleur et la présence d’eau, associées à des minéraux provenant de la croûte de glace, pourraient finalement créer un environnement potentiellement propice à la vie microbienne.

Europe manque d’oxygène
Malheureusement, Europe pourrait manquer d’un ingrédient essentiel à la vie telle que nous la connaissons : l’oxygène.
Auparavant, on pensait que la lune générait jusqu’à 1 000 kilogrammes de cet élément par seconde. En réalité, les dernières données de la sonde Juno, qui évolue dans le système jovien depuis des années, suggèrent qu’elle ne produit qu’environ 12 kilogrammes d’oxygène par seconde, réduisant ainsi les chances de trouver des conditions favorables à la vie dans son océan souterrain.
Ces observations ont été effectuées par l’instrument Jovian Auroral Distributions Experiment (JADE) de Juno. Ce dernier permet de mesurer la composition des ions, y compris l’oxygène, qui s’échappent de la surface d’Europe. Ces mesures fournissent des informations sur les processus qui se déroulent à la surface de la lune et sur la manière dont l’eau, présente sous forme d’océan souterrain, interagit avec l’environnement extérieur.
Comme dit plus haut, l’eau de l’océan d’Europe est constamment soumise à des forces de marée et à des bombardements de particules chargées provenant du champ magnétique intense de Jupiter. Ces particules chargées ont la capacité de séparer les molécules d’eau en ions d’hydrogène et d’oxygène, les éjectant ainsi de la lune vers l’espace. C’est ce processus d’éjection d’ions, y compris d’oxygène, qui est détecté par l’instrument JADE.
Ces résultats inattendus soulignent l’importance de missions spatiales continues pour élucider les mystères des lunes lointaines de notre système solaire et contribuer à notre compréhension des conditions propices à la vie au-delà de la Terre.
Les détails de l’étude sont publiés dans Nature Astronomy.
