L’Europe veut concurrencer SpaceX avec un lanceur rĂ©utilisable

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Crédits : Ben Cooper/Flickr

Le ministre de l’Économie française Bruno Le Maire vient d’annoncer qu’ArianeGroup va investir pour dĂ©velopper de petites fusĂ©es rĂ©utilisables. L’objectif sera de concurrencer SpaceX, pionnière dans ce domaine.

Les vĂ©hicules europĂ©ens Ariane jouaient autrefois un rĂ´le dominant dans le lancement de satellites gĂ©ostationnaires. Ils sont nĂ©anmoins dĂ©sormais relayĂ©s au second plan Ă  cause de mauvaises dĂ©cisions stratĂ©giques et d’une montĂ©e en puissance toujours plus marquĂ©e de nouveaux concurrents outre-Atlantique.

Sur le Vieux continent, il était temps de réagir. Il y a quelques mois, l’Union européenne visait en effet une stratégie spatiale plus agressive, appelant à une alliance permettant un accès autonome à l’espace pour l’Europe au cours de la prochaine décennie. Les ministres français et italien appelaient à une réponse « technologique et industrielle » significative à l’essor de SpaceX. Cette réponse, la voici : ArianeGroup se lance à son tour sur le marché des fusées réutilisables.

Un lanceur en 2026

En visite Ă  Vernon en Normandie sur le site d’Ariane, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a en effet annoncĂ© que la compagnie europĂ©enne allait dĂ©velopper son propre mini-lanceur pour concurrencer l’amĂ©ricain. Ce dernier devrait pouvoir Ăªtre opĂ©rationnel en 2026.

L’Europe a « manquĂ© le virage du lanceur rĂ©utilisable, nous n’y avons pas cru, nous avons pris du retard par rapport Ă  nos partenaires amĂ©ricains qui ont dĂ©veloppĂ© SpaceX et Falcon 9, et ce retard il faut le rattraper« , a concĂ©dĂ© Bruno Le Maire, promettant au passage d’augmenter les effectifs du site de Vernon.

Les salariĂ©s de l’entreprise avaient rĂ©cemment exprimĂ© leurs craintes sur l’activitĂ© et l’avenir mĂªme du site en raison du transfert d’une partie de la production des moteurs Vinci, l’un de ceux qui Ă©quiperont le lanceur Ariane 6, en Allemagne.

« Aujourd’hui, il y a un peu plus de 800 emplois sur le site de Vernon, Ă  horizon 2025 il y en aura près de 1 000« , a assurĂ© le ministre de l’Économie. Si le site va effectivement perdre le moteur Vinci, de l’activitĂ© sera apportĂ©e par les futurs moteurs Prometheus qui Ă©quiperont les futurs lanceurs rĂ©utilisables. Une partie de la production du futur mini-lanceur rĂ©utilisable sera Ă©galement proposĂ©e sur le site. NĂ©anmoins, elle sera en concurrence avec d’autres projets europĂ©ens, en particulier allemands.

Toujours selon Bruno Le Maire, Vernon sera Ă©galement le lieu oĂ¹ se dĂ©veloppera une production d’hydrogène Ă  partir de sources d’Ă©lectricitĂ© renouvelable.

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Une fusée Falcon 9 décolle de Cap Canaveral (Floride) le mardi 6 octobre 2020. Crédits : SpaceX

Une course perdue d’avance ?

Que l’Europe prenne enfin des initiatives dans ce domaine est tout Ă  fait louable. Reste Ă  savoir si cette ambition sera suffisante. Les lanceurs Ariane 6 (lanceur moyen) et Vega-C (lanceur lĂ©ger), qui reprĂ©sentent la prochaine gĂ©nĂ©ration de fusĂ©es europĂ©ennes, vont en effet dĂ©jĂ  devoir jouer des coudes pour se faire une place sur leurs marchĂ©s respectifs.

D’un côté, Ariane 6 devra se confronter, entre autres lanceurs, à la Falcon 9 et au Falcon Heavy de SpaceX. Lz Vega-C sera quant à elle également menacée par la Falcon 9, mais aussi par la fusée Électron de Rocket Lab, spécialisée dans l’envoi de petites charges utiles dans l’espace. Issus d’une génération antérieure de boosters, ces deux lanceurs devraient faire leurs débuts dans les douze à dix-huit prochains mois.