En Europe, de nombreuses espèces d’arbres ne résisteront pas au réchauffement climatique

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Crédits : Ryan McCullah / Flickr

Assez souvent plébiscitées, les actions qui visent à replanter des arbres ne sont pourtant pas toujours productives. Des chercheurs estiment ainsi qu’il faudra à l’avenir faire l’effort de sélectionner des espèces adaptées à l’environnement, et ce, dans un contexte de réchauffement climatique de plus en plus inquiétant.

Des arbres pouvant survivre aux conditions climatiques actuelles et futures

En 2020, une chercheuse du département d’études environnementales de l’ Université de Californie à Santa Cruz (États-Unis) affirmait que planter des arbres pour protéger l’environnement était parfois une stratégie contre-productive. Cela concerne surtout les projets de reforestation mal pensés ou mal préparés qui peuvent générer davantage d’effets négatifs que positifs. Par ailleurs, l’adoption de mesures de régulation du défrichage serait plus utile pour préserver les forêts et leur biodiversité.

S’il n’en demeure pas moins que replanter des arbres est une nécessité, une des composantes essentielles de tout projet semble être la sélection d’espèces adaptées. Selon des chercheurs de l’Université de Vienne (Autriche), les arbres que l’on plante aujourd’hui doivent en effet survivre dans les conditions actuelles, mais également futures. Les scientifiques ont détaillé les détails de leurs travaux dans la revue Nature Ecology & Evolution le 29 avril 2024.

Dans le cadre de cette étude, les auteurs se sont intéressées aux 69 espèces d’arbres les plus communes dans les forêts d’Europe. Or, ils cherchaient à déterminer celles qui offrent le plus de garanties de résistances face à deux scénarios de réchauffement climatique établis par le GIEC : RCP 2.6 (modéré) et RCP 8.5 (sévère).

Des résultats plutôt inquiétants

Selon les résultats, seules neuf essences d’arbres par kilomètre carré seraient capables de survivre jusqu’à la fin du siècle, soit entre le tiers et la moitié des espèces présentes actuellement, selon le lieu et le scénario. Au Royaume-Uni, le constat est encore plus alarmant avec seulement quatre espèces capables de survivre par km², dont le chêne pédonculé (voir ci-après). Dans tous les cas, ce serait trop insuffisant pour constituer et maintenir des forêts diversifiées. Selon les auteurs, les forêts mixtes intégrant de nombreuses espèces sont en effet en général plus résistantes, notamment face à des nuisibles comme le scolyte, un coléoptère qui vit sous l’écorce des résineux.

chêne pédonculé
Le chêne pédonculé devrait être une des seules espèces capables de survivre au Royaume-Uni d’ici à 2100.
Crédits : Jean-Pol Grandmont / Wikimedia Commons

En proie à une certaine fragilité, les forêts européennes pourraient donc décliner et entre autres ne plus apporter la matière première nécessaire à l’industrie forestière. De plus, il faut savoir que sur les neuf espèces survivantes au réchauffement climatique, seules trois rempliraient toutes les cases en matière de fonctions essentielles telles que : fournir du bois, alimenter la faune sauvage et stocker du carbone.

Cependant, l’étude est à prendre avec des pincettes, car les résultats sont potentiellement trop pessimistes. En effet, les travaux ne prennent pas en compte les interactions entre les espèces d’arbres ou encore les processus naturels d’adaptation comme la migration. L’étude n’intègre pas non plus d’autres notions importantes comme la variation intraspécifique des réactions au climat. De toute manière, concocter un nouveau mélange d’essences d’arbres ne servira pas à grand-chose si ce genre de projet ne s’accompagne pas de mesures concrètes pour atténuer le réchauffement climatique.