Brûlante et étouffante, Vénus est souvent dépeinte comme un environnement hostile à toute forme de vie connue. Pourtant, une nouvelle étude menée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) apporte une lueur d’espoir. Elle suggère en effet que les nuages toxiques de la planète pourraient abriter des molécules essentielles à la vie.
De la vie dans les nuages de Vénus ?
Vénus, souvent décrite comme la jumelle de la Terre en raison de sa taille similaire, est pourtant très différente de notre monde bleu. Avec des températures de surface qui atteignent des centaines de degrés et une atmosphère dense composée principalement de dioxyde de carbone, cette planète semble être un environnement inhospitalier pour toute forme de vie connue. Cependant, une lueur d’espoir réside dans les couches supérieures de son atmosphère où ses nuages offrent un refuge potentiellement plus accueillant. À des altitudes plus élevées, les températures sont en effet plus fraîches et les conditions pourraient être plus propices à la survie de formes de vie extrêmes.
Ainsi, les scientifiques spéculent depuis longtemps sur la possibilité que les nuages vénusiens puissent héberger des organismes vivants adaptés à ces conditions uniques. Et pour cause, bien que ces nuages soient dominés par de l’acide sulfurique corrosif et qu’ils soient soumis à des pressions atmosphériques élevées, certaines formes de vie extrêmophiles sur Terre ont montré une résilience étonnante dans des environnements similaires.
Malgré tout, une question demeurait : les acides aminés, les éléments constitutifs de base de la vie telle que nous la connaissons, pourraient-ils résister à cet environnement corrosif ? Les résultats d’une expérience menée par le MIT s’avèrent prometteurs.

Des molécules étonnamment stables
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont entrepris une expérience en laboratoire qui visait à évaluer la stabilité des acides aminés dans des conditions similaires à celles des nuages de Vénus. Pour ce faire, ils en ont sélectionné une vingtaine. Ils ont été immergés dans une solution d’acide sulfurique, dont la concentration était similaire à celle trouvée dans les nuages vénusiens. Pendant une période de quatre semaines, les chercheurs ont surveillé la stabilité de ces molécules. À la fin de l’expérience, ils ont ensuite analysé leur structure moléculaire pour déterminer s’ils avaient été dégradés ou altérés.
Les résultats de l’expérience ont été surprenants : sur les vingt acides aminés testés, dix-neuf sont restés remarquablement stables pendant au moins un mois. Cela signifie que leur structure moléculaire est restée intacte malgré l’environnement hautement acide, démontrant ainsi une résistance surprenante à l’acide sulfurique.

Cette découverte remet ainsi en question l’idée largement répandue selon laquelle l’acide sulfurique concentré serait fatalement corrosif pour la chimie organique. Au contraire, les résultats suggèrent que certaines molécules organiques complexes, potentiellement livrées par des impacts de météores, peuvent persister dans des environnements extrêmes, ouvrant ainsi la possibilité que les nuages vénusiens puissent héberger des acides aminés et d’autres composés organiques nécessaires à la vie.
Rappelons enfin que la recherche de telles molécules dans les épais nuages de Vénus est au centre d’une mission très attendue financée par des fonds privés, baptisée Venus Life Finder. Cette mission enverra prochainement un vaisseau nommé Photon survoler cette planète pour y larguer une petite sonde conçue pour détecter les composés organiques. Les données collectées permettront alors d’évaluer son potentiel d’habitabilité avec plus de précision.
Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue Astrobiology.
