Une étude sur les chimpanzés remet en doute l’origine de la bipédie humaine

chimpanzés bipédie
Crédit : Rhianna Drummond Clarke

La bipédie est une caractéristique déterminante de la lignée humaine. On a longtemps cru que nos ancêtres avaient commencé à marcher sur deux jambes dans les environnements plus ouverts de la savane africaine. Une étude centrée sur les chimpanzés, nos plus proches cousins, suggère néanmoins que la bipédie aurait pu d’abord apparaître dans les arbres.

L’hypothèse de la savane

La bipédie terrestre obligatoire est une caractéristique déterminante de l’Homme moderne. Cette adaptation morphologique est également essentielle pour distinguer les fossiles appartenant au clade humain (hominines) de ceux des autres singes (hominoïdes) au cours des sept derniers millions d’années. Mais comment sommes-nous passés de quadrupèdes à bipèdes ?

La théorie dominante (l’hypothèse de la savane) suggère que nos ancêtres se sont progressivement relevés lorsque les forêts tropicales ont commencé à reculer en raison du changement climatique naturel à la fin du Miocène-Pliocène. Les premiers hominidés, qui évoluaient alors dans un environnement plus fractionné parsemé de bosquets et de prairies, auraient en effet été obligés de prendre un peu de hauteur à la fois pour s’orienter, mais aussi, et surtout pour observer et suivre les proies, tout en surveillant les prédateurs.

Cela étant, tout le monde n’adhère pas complètement à cette idée. Une étude publiée dans la revue Science Advances et menée par des chercheurs de l’University College London, de l’Université du Kent et de l’Université Duke la réfute également également.

Une origine arboricole ?

Les chimpanzés vivant dans des habitats analogues aux premiers hominidés offrent une opportunité unique d’étudier les moteurs de la bipédie. Jusqu’à présent, les études portant sur la locomotricité ne s’étaient concentrées que sur les chimpanzés forestiers, négligeant ainsi les données comparatives critiques sur la façon dont ces comportements varient selon les habitats. Les chercheurs ont donc observé un groupe de treize chimpanzés adultes sauvages vivant dans la vallée d’Issa, à l’ouest de la Tanzanie, pendant quinze mois.

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Crédits : Rhianna Drummond Clarke

Au cours de ces observations, les chercheurs ont constaté que les chimpanzés passaient autant de temps dans les arbres que leurs homologues évoluant dans des environnements forestiers denses. Autrement dit, ils ne s’aventuraient que très rarement dans les prairies, malgré le fait qu’elles soient accessibles.

Par ailleurs, même lorsqu’ils s’aventuraient à découvert, les chimpanzés avaient toujours tendance à marcher à quatre pattes. En réalité, plus de 85% des occurrences de bipédie observées ont eu lieu dans les arbres.

« Notre étude suggère que le recul des forêts à la fin de l’ère Miocène-Pliocène il y a environ cinq millions d’années et les habitats de savane plus ouverts n’étaient en fait pas un catalyseur de l’évolution de la bipédie« , résume ainsi le Dr Alex Piel de l’University College London.

Naturellement, cette étude ne s’est concentrée que sur un seul groupe de chimpanzés sur une courte période de temps. Il paraît donc prématuré de tirer des conclusions définitives. Cependant, ces résultats laissent supposer que les arbres sont peut-être restés une composante essentielle de la niche adaptative des hominidés. Une bipédie évoluant dans un contexte arboricole aurait alors probablement été motivée par une stratégie de recherche de nourriture.