Le constat est alarmant. Selon une étude publiée ce mercredi dans la revue Plos One, la biomasse des insectes volants, a diminué de plus de 75 % sur 27 ans dans les zones protégées allemandes. Les pesticides sont ici pointés du doigt.
Les insectes jouent un rôle crucial dans le fonctionnement de l’écosystème en pollinisant 80 % des plantes sauvages et fournissant une source de nourriture à 60 % des oiseaux. Des recherches antérieures ont montré une tendance générale à la baisse de la diversité et de la biomasse des insectes, mais elles se sont concentrées sur des espèces uniques ou des groupes taxonomiques. La surveillance est ici générale, sur une longue période et elle est très inquiétante.
Pour mieux comprendre l’ampleur et les causes sous-jacentes du déclin des insectes, Caspar Hallmann et son équipe de l’Université Radboud, aux Pays-Bas, mesurent depuis 27 ans la biomasse totale des insectes volants grâce à des pièges disséminés dans 63 réserves naturelles en Allemagne. Ils constatent aujourd’hui que la biomasse moyenne d’insectes volants a diminué de 76 % (jusqu’à 82 % au milieu de l’été) en seulement 27 ans. Leurs résultats s’alignent sur les taux de déclin récemment signalés chez des espèces vulnérables telles que les papillons, les abeilles sauvages et les papillons nocturnes, mais ils suggèrent également une perte sévère de la biomasse aérienne totale, suggérant que toute la communauté des insectes volants est concernée, décimée au cours des dernières décennies.
Les chercheurs ne sont à ce jour pas certains de la cause de cette hécatombe observée quels que soient les changements météorologiques, l’utilisation des sols ou les caractéristiques de l’habitat. Les pesticides sont néanmoins pointés du doigt. « C » est bien pire que prévu. Le fait que la population de ces insectes se réduise dans de telles proportions et sur d’aussi vastes étendues géographiques est encore plus alarmant« , juge Caspar Hallmann, entomologiste à l’université Radboud, aux Pays-Bas. « Ces réserves sont entourées de zones agricoles utilisant des insecticides qui deviennent une sorte de “piège écologique” mettant en péril ces populations animales ». Les chercheurs suggèrent par ailleurs que des facteurs à grande échelle doivent être impliqués et que des recherches supplémentaires devront être menées sur le terrain pour cibler les causes exactes de ce déclin, de son étendue géographique et de son impact potentiel sur l’écosystème.
Alors que des écosystèmes entiers dépendent des insectes pour la nourriture et la pollinisation, on peut donc aussi s’inquiéter d’un déclin des populations d’oiseaux et de mammifères qui s’en nourrissent. Les causes de ce déclin n’étant à ce jour pas encore clairement établies, il est pour l’heure difficile de prendre des mesures concrètes pour enrayer la tendance.
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