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Cette étude explique la prolifération de discours toxiques sur les réseaux sociaux

Récemment, une étude menée aux États-Unis a évoqué une notion particulière qui explique en partie la multiplication des mauvais comportements et des discours toxiques sur les réseaux sociaux. Il s’agit de l’effet de confrontation, synonyme de difficulté à résister à des publications ou commentaires agaçants.

L’effet de confrontation en cause

Les réseaux sociaux font parfois parler d’eux pour leurs effets souvent négatifs sur la santé mentale. Toutefois, il est principalement question de perte de contact avec le monde réel ou encore de risques de dépression. L’étude pilotée par l’Université Tulane (États-Unis) à paraître en novembre 2024 dans le volume 185 de la revue Organizational Behavior and Human Decision Processes traite néanmoins d’un tout autre sujet.

Les chercheurs ont souhaité explorer un phénomène étonnant : les internautes notamment présents sur les réseaux sociaux sont plus susceptibles d’interagir avec des contenus qui vont contre leurs propres convictions. Autrement dit, de nombreuses personnes réagissent davantage à des publications et des commentaires qui les indignent ou les énervent plutôt qu’à des contenus en accord avec leur façon de penser.

Pour les auteurs de l’étude, cela s’explique par un effet de confrontation qui favorise la prolifération des discours toxiques et des mauvais comportements sur les réseaux sociaux.

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Un phénomène exploité par les réseaux

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont exposé 500 000 citoyens américains à des publications de nature politique sur le réseau Facebook. Or, ces contenus exprimaient des opinions en faveur ou contre Donald Trump, l’ancien président du pays. Selon les résultats, les internautes étaient plus enclins à interagir avec des commentaires ou publications qui allaient contre leurs opinions, surtout s’ils avaient l’impression que leurs valeurs étaient en danger. Un autre exemple est le compte X de la vice-présidente Kamala Harris, suivi par de nombreux haters qui ne peuvent s’empêcher d’être présents pour poster des critiques et des attaques.

Mais pourquoi est-ce ainsi ? Selon les auteurs, il est possiblement question d’une volonté personnelle de se confronter ou de se positionner face à une figure publique (ici politique). Cependant, il est également possible que cela témoigne d’un désir inconscient de valider ses propres opinions en critiquant ouvertement celles des autres. Ce phénomène exposant les utilisateurs à des idées opposées non pas sous l’angle du débat, mais celui du conflit peut toutefois malheureusement renforcer les biais cognitifs.

L’étude souligne également la présence d’un autre phénomène : certains réseaux sociaux exploitent cette faille pour stimuler l’engagement, l’implication personnelle de l’internaute, et ainsi augmenter leurs revenus. Autrement dit, les plateformes tirent profit du maintien de l’activité des internautes, que cette même activité soit positive ou négative. En bout de chaîne, cette situation peut favoriser la fragmentation sociale en exacerbant les tensions et en renforçant la perception d’un fossé de plus en plus imposant entre les différentes idéologies et leurs acteurs.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.