pilule contraceptive
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Selon une étude, la pilule contraceptive modifierait le cerveau

Des chercheurs canadiens ont réalisé une expérience qui incluait près de 200 femmes et hommes et démontré un effet de la pilule sur une zone du cerveau importante dans la régulation des émotions. Toutefois, les travaux ont révélé que cet effet était réversible.

Une étude plus rigoureuse

Dans le monde, pas moins de 150 millions de femmes utilisent la pilule contraceptive, dont les contraceptifs oraux combinés (COC) qui associent estrogènes et progestérone. Cette pilule est généralement prise durant l’adolescence, un moment où se produisent de nombreux changements hormonaux et cérébraux. Or, l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal a publié une étude dans la revue Frontiers in Endocrinology en 2023 qui démontre un fait étonnant.

Ces recherches ont en effet montré que le cortex préfrontal ventromédian, une zone du cerveau qui joue un rôle dans la régulation des émotions, est plus mince chez les femmes qui prennent la pilule. Cependant, l’étude a également montré que ce phénomène n’était pas irréversible. Selon les chercheurs québécois, des travaux menés par le passé soulignaient déjà l’existence de ce phénomène. Néanmoins, ils ont ici appliqué une méthode plus rigoureuse qui a permis de tirer des conclusions plus fiables.

Dans le cadre de ces recherches, les auteurs ont recruté 180 volontaires ensuite répartis dans quatre groupes avant de passer un examen IRM. Le premier intégrait des femmes qui prenaient des COC et le second des femmes qui en avait pris par le passé, mais plus aujourd’hui. Les autres groupes contenaient des femmes qui n’avaient jamais eu recours à la contraception ainsi que des hommes (groupe de comparaison).

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Un problème de dosage ?

Les résultats ont montré une atrophie au niveau du cortex préfrontal ventromédian avec les pilules qui possédaient les plus faibles concentrations d’estrogènes. Il faut dire qu’en apportant constamment des hormones, les COC inhibent la sécrétion spontanée de ces mêmes hormones par l’organisme. Ainsi, tout cycle normal se caractérise par un niveau hormonal très bas. Les auteurs restent prudents dans leurs déclarations, mais il semble que les femmes qui prennent des pilules faiblement dosées seraient en déficit d’estrogènes. À l’inverse, les pilules plus fortement dosées auraient un effet plus proche du taux naturel en activant davantage les récepteurs aux estrogènes.

En ce qui concerne l’atrophie du cortex préfrontal ventromédian, les chercheurs n’ont pas établi de lien avec un quelconque effet. En revanche, la littérature scientifique souligne qu’une bonne régulation des émotions va de pair avec une épaisseur suffisante du cortex. Il est donc plausible qu’un amincissement puisse causer des problèmes de régulation des émotions, un phénomène qui reste à vérifier. Les zones d’ombre qui entourent ces travaux devront donc faire l’objet de nouvelles études sur de longues périodes. Cela permettra de s’assurer des effets relatifs aux dosages des pilules, d’identifier les conséquences concrètes de l’atrophie du cortex préfrontal ventromédian et de s’assurer du caractère réversible du phénomène.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.