Une étude controversée remet en question le physique du mégalodon

Megalodon
Crédits : Baris-Ozer/iStock

Des scientifiques ont récemment remis en question les idées préconçues sur l’apparence du mégalodon, le plus grand requin ayant existé. En réanalysant la colonne vertébrale d’un spécimen fossilisé conservé à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, ils ont en effet découvert des divergences par rapport aux reconstructions antérieures. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord.

Le mégalodon, un très gros grand requin blanc ?

La majeure partie de notre connaissance sur le mégalodon provient de dents fossilisées. Souvent de grande taille et impressionnantes, ces dents ont été découvertes dans divers endroits du monde. Leur forme triangulaire et dentelée avait alors conduit à l’hypothèse que le mégalodon était similaire à un grand requin blanc qui a une dentition semblable.

En outre, nous savons que les deux espèces appartiennent à la même famille de requins lamniformes, et partagent des caractéristiques morphologiques et comportementales similaires. Par conséquent, les reconstructions du mégalodon ont souvent été basées sur la morphologie du grand requin blanc, connu pour son corps fuselé et ses nageoires bien développées. Les représentations populaires et les médias ont également contribué à façonner l’image du mégalodon comme un prédateur massif, partageant des similitudes visuelles avec le grand blanc.

Cependant, contrairement à cette idée générale, de nouvelles découvertes suggèrent que cet énorme prédateur disparu il y a environ 2,6 millions d’années pourrait avoir été plus long et plus mince.

dent mégalodon
À quoi ressemble une dent de mégalodon. Crédits : Alicia Sampson

Un énorme requin mako

Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs ont comparé les tomodensitogrammes (des images obtenues par tomodensitométrie, une technique d’imagerie médicale) de la colonne vertébrale d’un jeune grand requin blanc à ceux de la colonne incomplète d’un mégalodon conservé à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), à Bruxelles.

Les analyses ont alors mis en évidence des différences dans la croissance du centrum, la partie centrale solide des vertèbres. Or, chez les requins lamniformes vivants, la croissance du centre est liée à la circonférence. Selon les chercheurs, la colonne vertébrale du mégalodon était plus fine que celle du grand requin blanc, suggérant une silhouette plus élancée. S’il est aujourd’hui toujours difficile de déterminer la forme exacte de sa tête, de ses nageoires ou de sa queue, les auteurs affirment que le mégalodon aurait cependant pu ressembler à quelque chose de plus proche d’un requin mako (Isurus oxyrinchus).

Quant à sa taille, là encore, les chercheurs ne peuvent statuer sur une longueur définitive sans preuves solides, mais ces nouvelles informations suggèrent qu’il aurait facilement atteint les quinze mètres de long, ou même potentiellement vingt mètres. Pour en être sûrs, nous aurons malgré tout besoin de la découverte d’au moins un squelette complet, ce qui s’annonce d’ores et déjà très compliqué.

mégalodon
Les auteurs affirment que le mégalodon était plus long et plus mince que ne le suggèrent les reconstructions précédentes. Crédits : Université DePaul/Kenshu Shimada

Une étude qui fait débat

Tout le monde ne s’accorde pas sur ces nouvelles estimations. Une équipe de chercheurs dirigée par Jack Cooper, de l’Université de Swansea au Royaume-Uni, qui a publié une étude sur le sujet il y a quelques années, évoque une « hypothèse alternative » qui souffre de « logique circulaire« . Les termes « logique circulaire » font ici référence à un raisonnement où la conclusion d’un argument est implicitement utilisée comme une prémisse ou une base de soutien pour cet argument. Cela crée une boucle de raisonnement où l’argumentation se réfère elle-même pour justifier sa validité. Dans ce contexte, cela peut être considéré comme un défaut méthodologique, car cela ne permet pas une évaluation objective de l’hypothèse ou de la conclusion.

De plus, cette nouvelle interprétation du corps du mégalodon, publiée dans Palaeontologia Electronica, se base sur l’observation d’un seul analogue et ne dispose d’aucun test statistique pour étayer son hypothèse. Plus important encore : plusieurs aspects de l’étude sont impossibles à vérifier ou à reproduire, car les auteurs ne fournissent pas les données brutes.