Une étude sur le changement climatique de l’Arctique canadien annulée… en raison du changement climatique

Le brise-glace canadien de l’Amudsen/Crédits : Université du Manitoba

L’équipe du NGCC Amundsen (un brise-glace de recherche scientifique canadien) a annulé la première étape de l’expédition arctique de 2017 en raison de complications liées à la banquise arctique mouvant dangereusement vers le sud à cause des changements climatiques. Cela retarde considérablement l’étude très attendue du système de la baie d’Hudson (BaySys) impliquant 40 chercheurs provenant de 5 universités canadiennes. Le planning était essentiel pour ce projet de 4 ans financé de 17 millions de dollars par l’Université du Manitoba.

La nécessité de faire face aux conditions extrêmes de la glace dans le sud signifierait que le navire arriverait trop tard sur le site pour atteindre les objectifs de recherche. Le déploiement arctique du brise-glace de recherche Amundsen est réalisé grâce à une collaboration entre la Garde côtière canadienne (CCG) et l’Université du Manitoba. Ce partenariat a permis aux chercheurs canadiens et à leurs collègues internationaux de surveiller et d’appréhender les impacts du changement climatique et du développement des ressources sur les écosystèmes marins et côtiers de l’Arctique, ainsi que les régions nordiques depuis 2003.

Cette année, les équipes de l’Expedition Logistics and Science ont voulu anticiper le départ de l’expédition six jours avant l’échéance prévue. Cela permettrait à la garde côtière de mener des opérations de sécurité maritime dans ces conditions exceptionnellement glaciales, au niveau du détroit de Belle Isle et le long de la côte nord-est de Terre-Neuve avant de commencer la mission scientifique. Malheureusement, les conditions nécessitaient un soutien beaucoup plus étendu que prévu. Le manque de sécurité, les problèmes de la flotte canadienne et les navires alternatifs inadaptés ont forcé l’annulation du programme scientifique.

Cette décision d’annulation du programme BaySysy 2017 a des répercussions importantes pour les partenaires et le collectif scientifique impliqués. « Compte tenu des conditions dangereuses de la glace et de la demande de la Search And Rescue operations (SAR), nous avons décidé d’annuler BaySys. Une deuxième semaine de retard signifiait que nos objectifs de recherche ne pourraient être réalisés en toute sécurité », déclare le docteur David Barber, chef de l’expédition et de la mission BaySys.

Barber et son équipe ont utilisé leur équipement à bord de l’Amundsen pour affirmer qu’une grande partie de la banquise provenait du Haut-Arctique. Le docteur a constaté que « les changements climatiques sur la banquise arctique ne réduisent pas seulement son étendue et son épaisseur, mais augmentent aussi sa mobilité, ce qui signifie que les conditions glaciales risquent de devenir des conditions plus variables et sévères comme celles-ci se produiront plus fréquemment. » La Sea Ice Research Team a collecté des données d’ensemble sur la physique de la glace, de l’océan et de l’atmosphère dans cette zone pour aider le Canada à faire face à l’augmentation de ces risques marins.

« Cet événement ne devrait pas affecter le reste de l’expédition Amundsen de 2017 qui reprendra le 6 juillet. Les études océanographiques se dérouleront comme prévu et on ne prévoit pas d’impact sur l’Enquête de la santé des Inuit du Nunavik », affirme le docteur Louis Fortier, directeur scientifique des programmes Amundsen et ArcticNet Science. « En collaboration avec la Garde côtière canadienne et nos partenaires industriels, nos équipes prévoient une planification d’un programme BaySys en 2018. » Les chercheurs indiquent clairement que le changement climatique est un événement qui se produit en ce moment même. Les résultats de la recherche des scientifiques à bord d’Amundsen et des réseaux innovants comme ArcticNet montrent que les impacts du changement climatique dans l’Arctique et l’océan Arctique du Canada, affectent non seulement les écosystèmes et les régions nordiques, mais aussi les milieux et les personnes vivant dans le sud du Canada.

Cette expérience et les conditions du changement climatique qui affectent actuellement la région illustrent clairement que le Canada est mal préparé à faire face aux réalités du changement climatique.