Selon des travaux menés récemment au Canada, il est actuellement question d’une surestimation systématique de l’abondance d’une part non négligeable des espèces de poissons. Or, la dérive principale de cette surestimation n’est autre que la surpêche et le potentiel effondrement des pêcheries aux quatre coins du monde.
Une surestimation des stocks inquiétante
En opposition au concept de pêche durable, la surpêche désigne une forme de pêche destructive de la ressource au niveau de nombreux poissons, crustacés ou encore mollusques. En 2018 déjà, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) affirmait dans un rapport qu’un tiers de la pêche va au-delà de ce qu’il est durablement prudent de pêcher, une tendance en forte hausse depuis le milieu des années 1970. Cette baisse des stocks de poisson est évidemment préoccupante, à la fois pour les écosystèmes marins, mais également pour les petits pêcheurs hors des circuits industriels entre autres.
Publiée dans la revue Science le 22 août 2024, une étude pilotée par l’Université de Victoria (Canada) montre que le phénomène est encore plus inquiétant aujourd’hui. Selon Amanda Bates, biologiste et principale auteure de l’étude, il existe en effet une surestimation des stocks de poisson même dans les pêches que l’on peut qualifier de durables. Or, les estimations de la biomasse de poissons vivant dans les eaux sont essentielles à la formulation des quotas de pêche que les professionnels doivent respecter au quotidien.
Des mesures pour mieux estimer les stocks de poissons
Comme l’explique Amanda Bates, une surestimation des stocks de poissons dans les pêcheries surexploitées pourrait entraîner leur effondrement. Il faut dire que le déclin des stocks est difficilement identifiable avant qu’il ne soit trop tard pour prendre des précautions. Il est donc nécessaire d’adopter une approche plus prudente de la gestion des pêches, sans quoi les pêcheries des quatre coins du monde pourraient un jour s’effondrer. S’en suivraient ensuite des conséquences peu souhaitables pour la santé des océans, mais également la sécurité alimentaire mondiale.
Il faut savoir que plus de la moitié des 290 populations de poissons étudiées parmi 128 espèces sont concernées par la pêche durable. Néanmoins, environ 38% de ces populations sont victimes de la surpêche. Il est donc question d’une surestimation des populations dans certaines pêches durables, bien que le phénomène soit en diminution.
Les auteurs ont listé une dizaine de mesures et bonnes pratiques pour améliorer les évaluations des stocks de poisson. Il est notamment question de changements dans les protocoles d’évaluation avec par exemple la création d’une « red team », dont le rôle serait d’étudier les scénarios les plus pessimistes. Évoquons également la continuité du suivi dans les zones marines protégées – où la pêche est interdite – afin de mieux comprendre les effets de certains facteurs extérieurs comme le changement climatique.