Être végan peut-il vous tuer en haute montagne ?

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Au moins trois personnes sont mortes en ayant tenté l’ascension de l’Everest, le toit du monde. Cependant, certains médias se sont attardés sur le décès d’une femme ayant également tenté cette performance, et pour une raison incroyablement ridicule : elle était végan.

Il y a régulièrement des morts lorsque des alpinistes (et leurs sherpas) tentent de gravir l’Everest, comme pour les autres grands sommets. Souvent, il s’agit d’un manque de préparation, une erreur qui coûte généralement très cher. Parfois, les éléments s’en mêlent comme tout récemment, lorsqu’un tremblement de terre d’une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter avait secoué le Népal. Ce 25 avril 2015, 18 sherpas avaient alors succombé près du camp de base de l’Everest.

Chaque année, des accidents se produisent, surtout lorsqu’il y a beaucoup de monde en même temps. En ce mois de mai 2016, la météo était très clémente, les alpinistes se sont alors rués sur l’Everest et c’est le moment idéal, juste avant la mousson qui commence généralement au début du mois de juin.

Ainsi, la semaine dernière, plusieurs médias anglophones ont rapporté la mort d’au moins trois personnes sur l’Everest. Mais une de ces personnes décédées a particulièrement retenu l’attention de ces mêmes médias, pour une raison invraisemblable : le fait qu’elle soit vegan. Il s’agit de Maria Strydom, une Australienne de 34 ans qui s’était lancé dans l’ascension des Seven summits (l’ascension des plus hauts sommets de chaque continent, au nombre de sept). Selon ces médias, le fait d’être végan serait la cause de son décès.

« Pourquoi s’arrêter sur un détail à propos du décès d’un alpiniste sur l’Everest, comme si être végan pouvait en être la cause ? » a écrit une internaute sur une publication du Washington Post sur Twitter. Le magazine américain Time s’était également arrêté sur cette caractéristique dans son article.

Dans notre pays, L’Obs a suivi le « mouvement » en titrant d’une manière méprisable : « Elle voulait se montrer à la hauteur des carnivores. Une alpiniste végan est morte en tentant l’ascension de l’Everest ». Maria Strydom avait voulu prouver, avec son mari, qu’être végan ne constituait pas un obstacle pour effectuer l’exploit de gravir les plus hauts sommets du monde. Leur alimentation ne comportait donc aucune viande, ni poisson ni aucun produit d’origine animale.

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Interrogé par BBC News, le Docteur Frankie Philips, membre de l’association britannique des diététiciens, a déclaré : « Vous pouvez dans le même temps être végan et être un athlète d’élite très performant. Vous pouvez le faire, mais c’est plus difficile. « Certains sportifs prouvent d’ailleurs que le fait d’être végan n’est pas incompatible avec le sport de haut niveau, comme Scott Jurek, qui se trouve être un ultra-traileur (ou ultra-marathonien), et d’ailleurs un des plus grands de l’histoire. L’association Végétarienne de France liste d’ailleurs dans un article les grands sportifs végétaliens et végétariens, à voir ici.

Proportionnellement, il y aurait d’ailleurs plus de végétariens et végétaliens chez les sportifs que dans l’ensemble de la population. « Cela est très marquant chez les pratiquants de sports d’endurance, car l’abondance d’aliments d’origine animale peut poser problème pour la performance cardio-vasculaire, notamment à cause des graisses saturées. Il est ainsi commun, pour ce genre de sportifs (dont l’alimentation met plus l’accent sur les hydrates de carbone) de ne pas manger beaucoup de produits animaux. Ne plus en manger du tout n’est alors qu’un pas supplémentaire« , écrit l’association.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas du tout son style de vie qui est la cause de la mort de Maria Strydom, qu’on se le dise une bonne fois pour toutes !

Sources : Slate – BBC News