Il y a environ 460 millions d’années, de petites créatures au corps mou évoluaient au fond de l’eau au niveau de ce qui est aujourd’hui le Pays de Galles. Propulsés par des volets ondulants et arrondis, ils ratissaient le sol avec d’étranges museaux épineux pour chercher de la nourriture. Le détail de leur découverte est publié dans .
Deux étranges petites créatures
Parmi les deux spécimens retrouvés, l’un représente une nouvelle espèce, tandis que l’autre interroge encore les spécialistes. Ces fossiles, extraits d’une carrière galloise sur un terrain privé, dateraient de la période ordovicienne (il y a 485,4 millions à 443,8 millions d’années).
Le plus « grand » des deux ne mesurait que treize millimètres de long. Des traces de son intestin suggèrent que son ouverture buccale était tournée vers l’arrière. En outre, il n’avait pas d’yeux. Sous ses volets corporels se trouvaient également des pattes spongieuses de forme triangulaire et segmentées en anneaux. Surnommée Mieridduryn bonniae, la créature avait également un long museau bordé d’épines.
Le plus petit spécimen ne mesurait quant à lui que trois millimètres de long. Il avait aussi une petite trompe. Cependant, contrairement l’autre spécimen, celui-ci développait également une queue en éventail.
D’après Joanna Wolfe, du Département de biologie de l’organisme et de l’évolution à l’Université de Harvard, il pourrait aussi bien s’agir d’un membre de la même espèce que le premier, mais encore au stade larvaire que d’une espèce complètement différente. C’est la raison pour laquelle les chercheurs ne l’ont pas encore nommé officiellement.
Un nouveau genre ?
À bien des égards, ils ressemblent à un genre animal appelé Opabiniidae. Ce dernier aurait émergé il y a plus d’un demi-milliard d’années au cours de la période cambrienne au cours de laquelle une diversité de vie sans précédent a explosé en un laps de temps géologique relativement court (environ vingt millions d’années). Cependant, on ignore encore si ces deux spécimens nouvellement décrits appartiennent effectivement à ce genre ou s’il s’agit de « sosies » non apparentés.
Bien que les deux fossiles ressemblent un peu aux Opabiniidae, il existe quelques différences essentielles. En effet, les Opabiniidae ont généralement cinq yeux, tandis que M. bonniae n’en a aucun. Leur tronc (ou museau) est également lisse, alors que celui-ci est bardé d’épines. Les volets corporels de M. bonniae ressemblent également à ceux d’un autre groupe d’animaux cambriens, connus sous le nom de Radiodonta. Néanmoins, ces derniers n’avaient pas de pattes ni de longs museaux.
Rappelons que les genres Opabiniidae et Radiodonta sont apparentés (de loin) aux crustacés, insectes et autres arachnides. Que M. bonniae appartienne à l’un de ces deux groupes éteints ou à un groupe inconnu, sa découverte nous rapproche de la compréhension de la façon dont les premiers animaux spongieux et sans pattes ont évolué en arthropodes.