Des chercheurs ont découvert la trace d’une tempête solaire inconnue et de très forte intensité dans les glaces polaires. Fait surprenant, celle-ci a eu lieu il y a environ 9200 ans, lorsque notre étoile traversait un profond minimum d’activité. Les travaux ont été dirigés par l’Université de Lund (Suède) et les résultats publiés le 11 janvier 2022 dans la revue Nature Communications.
Les éruptions solaires et les éjections de masse coronale sont associées à l’émission de particules de très haute énergie dans l’espace interplanétaire. Il s’agit pour l’essentiel d’un flux de protons dont l’intensité est corrélée à celle des perturbations solaires en question.
Les dangers d’une tempête solaire à l’heure des technologies et de la modernité
Sous certaines conditions, ces bouffées de particules énergétiques peuvent atteindre la Terre et aller jusqu’à paralyser les systèmes de communication et les réseaux électriques. Elles ont par ailleurs une influence délétère sur les satellites et les activités liées au trafic aérien. Sans mentionner les dangers associés à une exposition directe, comme ce serait par exemple le cas pour les astronautes, les tempêtes solaires constituent de fait un risque sérieux vis-à-vis de nos sociétés modernes, particulièrement vulnérables.
Pour ces raisons, il est important de comprendre les mécanismes et le contexte qui favorisent leur développement. On pensait encore récemment que ces évènements étaient plus susceptibles de se produire lors d’un maximum solaire, un moment où l’activité géomagnétique de notre astre est au plus haut. Toutefois, des travaux ont remis en question ce paradigme, en particulier en ce qui concerne les tempêtes solaires les plus intenses et malheureusement aussi les plus menaçantes.

Entre attente et préparation, un risque sous-estimé ?
Les mesures effectuées par les chercheurs sur des carottes de glace du Groenland et de l’Antarctique ont révélé la survenue d’une tempête solaire extrêmement puissante et jusqu’alors inconnue il y a environ 9200 ans. Or, cette dernière s’est produite à un moment où notre étoile essuyait un profond minimum d’activité. Aussi, les auteurs avancent que si un évènement analogue devait avoir lieu de nos jours, outre le fait de nous prendre au dépourvu en survenant à un moment inattendu, le phénomène aurait des conséquences majeures.
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont analysé les teneurs en béryllium-10 et en chlore-36 contenus dans les carottes, deux isotopes cosmogéniques archivés dans les glaces et dont les fluctuations suivent celles du rayonnement cosmique. Il va sans dire que les résultats obtenus par les chercheurs nécessiteront de futurs travaux afin de comprendre les mécanismes impliqués dans ces tempêtes se manifestant en contexte de calme stellaire et les moyens de s’en prémunir.
« Actuellement, ces énormes tempêtes ne sont pas suffisamment prises en compte dans les évaluations des risques », souligne Raimund Muscheler, un des coauteurs du papier. « Il est de la plus haute importance d’analyser ce que ces événements pourraient signifier pour la technologie d’aujourd’hui et comment nous pouvons nous en protéger ».