La Voie lactée, un refuge pour fugitives ? Les étoiles dites « hypervéloces » sont des étoiles qui se déplacent si rapidement qu’elles peuvent se libérer de l’attraction gravitationnelle de notre galaxie. Une étude suggère que ces « sprinteuses » de l’espace seraient en fait issues d’une galaxie beaucoup plus petite en orbite autour de la nôtre.
Selon des chercheurs de l’Université de Cambridge s’appuyant sur les données du Sloan Digital Sky Survey et sur des simulations informatiques, ces sprinteurs stellaires trouveraient leur origine dans le Grand Nuage de Magellan, une galaxie naine en orbite autour de la nôtre. Ces étoiles en mouvement rapide auraient été arrachées à leur maison suite à l’explosion de congénères dans différents systèmes binaires. En explosant, ces étoiles auraient donc en quelque sorte « projeté » leur compagnon à des vitesses leur permettant de se libérer de l’attraction gravitationnelle de leur galaxie avant de finir « absorbées » par la Voie lactée. Les résultats de cette étude ont été publiés dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society et présentés il y a quelques heures lors de la réunion nationale d’astronomie à Hull, en Angleterre.
À ce jour, seule une vingtaine de ces étoiles a pour le moment été observée. Les astronomes pensaient jusqu’alors que ces astres, qui sont en fait de grandes étoiles bleues, étaient expulsés du centre de la Voie lactée par un trou noir supermassif. Mais ce scénario n’explique pas pourquoi ces étoiles se trouvent dans une certaine partie du ciel, dans les Constellations du Lion et du Sextant, une constellation très peu lumineuse. L’idée du système binaire semble donc plus convaincante. Plus les deux étoiles sont proches et plus rapide sera la « fugitive » en cas d’explosion de son compagnon.
Le Grand Nuage de Magellan est la plus grande des galaxies en orbite autour de la Voie lactée (environ 10 % de sa masse), mais les étoiles les plus rapides peuvent facilement s’extraire de son attraction d’après les chercheurs. Le Grand Nuage se déplace à environ 400 kilomètres par seconde. Comme une balle tirée d’un train en mouvement, la vitesse de ces étoiles « fugitives » combinera finalement la vitesse à laquelle elles ont été éjectées et la vitesse de déplacement de la galaxie.
« Ces étoiles ont juste sauté d’un train lancé à pleine vitesse, pas étonnant qu’elles soient aussi rapides », image Rob Izzard, coauteur de l’étude. « Cela explique également leur position dans le ciel ». Les chercheurs estiment au passage que ces étoiles (encore vivantes) seraient au nombre de 10 000 dans le ciel nocturne. Ces étoiles bleues sont comme les autres, elles naissent et meurent, finissant leur vie en étoile à neutrons ou en trou noir. Ainsi, et selon les estimations, un million d’étoiles neutroniques et de trous noirs « voleraient » à travers la Voie lactée.
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