Éthiopie : un mystérieux chant engendrerait des comportements violents

Crédits : Pixabay / PeterW1950

Un chercheur est allé étudier un fait étonnant rapporté par des villageois du nord de l’Éthiopie : un mystérieux chant traditionnel déclencherait des comportements violents.

Nous savons depuis longtemps que la musique adoucit les mœurs, et nous avons même appris il y a quelques mois qu’un agriculteur du sud de la France avait réussi à sauver ses cultures d’un virus grâce à la musique ! Cependant, il est question dans cet article d’une musique ou plutôt d’un chant qui déclencherait des actes violents, comme l’explique l’étude de l’ethnomusicologue Katell Morand de l’Université Paris-Nanterre.

Ces recherches, publiées dans la revue Terrain en octobre 2017 font état de témoignages de villageois vivant dans les hauts plateaux du nord de l’Éthiopie. Ces derniers prêtent un dangereux pouvoir à une sorte de poésie nommée « qärärto ». Ce chant provoquerait selon eux la colère, alimenterait le désir de vengeance et serait la cause d’une perte de l’esprit poussant les personnes impactées au meurtre.

Certains villageois prennent d’ailleurs des précautions, c’est-à-dire que certains hommes ayant renoncé à la violence s’interdisent tout bonnement de chanter. D’autres, plus enclins à se laisser facilement emporter, sont défendus d’entonner le fameux chant.

Katell Morand estime qu’il faut replacer cette histoire de chant meurtrier dans son contexte. En effet, les familles honorent une tradition liée à des cycles meurtriers trouvant leur raison dans des querelles de voisinage, des questions d’héritages, des conflits territoriaux ou encore des vols de bétail. Il y a là une obligation de vengeance, et le chant est visiblement le support utilisé pour passer à l’acte.

Par ailleurs, si les hommes « chanteurs » sont fortement susceptibles de passer à l’acte, les femmes, – qui ne doivent pas faire de même – chantent elles aussi afin d’encourager la vengeance qu’elles espèrent. Les mots sont d’ailleurs bien choisis, entre insultes bravades et autres exhortations. Il faut également savoir que le chant s’accompagne de postures spécifiques, ce qui donnerait ce pouvoir à ce même chant, tout comme son contour mélodique (un débit rapide, intonations, sauts d’intervalles).

Évidemment, il est peu probable que ce chant ait des pouvoirs magiques, surtout qu’à chaque fois, il existe des raisons suscitant l’intention de vengeance, et donc de violence. Quoi qu’il en soit, chacun se fera son opinion en lisant l’étude de Katell Morand intitulée Le désir de tuer, Musique et violence en Éthiopie du Nord.

Sources : The Conversation – Mashable