Au niveau mondial, la surface occupée par de la glace de mer persiste à un niveau bas record depuis le début de l’année. Pour bien comprendre les raisons de cette anomalie, il faut revenir à la situation propre à chacun des deux pôles.
La banquise antarctique au régime
La banquise antarctique est actuellement à un niveau bas record pour la période de l’année. Selon les données publiées par le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), on relevait une extension de seulement 2,35 millions de kilomètres carrés au 30 janvier, c’est-à-dire plus de 1,37 million de kilomètres carrés sous la moyenne 1980-2010 portée à 3,72 millions de kilomètres carrés. Le précédent record pour un 30 janvier était détenu par 2017 avec une extension de 2,60 millions de kilomètres carrés.
Notons qu’il ne s’agit pas là d’une fluctuation sur quelques jours. L’étendue des glaces de mer australes siège à des niveaux bas records depuis au moins un an. À cet égard, le minimum annuel observé entre février et mars à la fin de l’été austral a enregistré son niveau le plus bas en 2022, surpassant le précédent record établi en 2017. Ce déficit de banquise a d’ailleurs pu accélérer le vêlage de l’iceberg A81 qui s’est récemment détaché de la barrière de glace de Brunt.
Et en Arctique ?
De son côté, la banquise arctique n’est pas en reste. Si celle-ci approche de son maximum annuel enregistré à chaque fin d’hiver boréal, son étendue est là aussi proche des records bas. Au 30 janvier, on enregistrait ainsi une extension de seulement 13,67 millions de kilomètres carrés, autrement dit 1,19 million de kilomètres carrés sous la moyenne 1980-2010 portée à 14,86 millions de kilomètres carrés. Seule l’année 2018 fait « mieux », avec 13,40 millions de kilomètres carrés.
L’étendue globale de glaces de mer plonge
Pour cette période de l’année, l’étendue globale des glaces de mer est donc à son niveau le plus bas depuis le début des observations satellitaires à la fin des années 1970 et vraisemblablement depuis bien plus longtemps encore. Il est important de souligner ici que les deux pôles sont affectés par des processus physiques très différents. La somme des anomalies d’extension boréale et australe doit donc être prise avec du recul. Elle illustre ici une situation où les deux pôles affrontent simultanément des conditions défavorables à différents moments de leur cycle saisonnier.
Il reste que les années récentes se situent toutes dans le bas du classement, ainsi que le révèle le graphique ci-dessus, tandis que les années de grandes extensions sont souvent antérieures à 2000. Ce biais du classement quant à l’étendue des glaces de mer est une des marques du réchauffement climatique qui, au bout du compte, diminue la surface totale occupée par les glaces.